La lumière se fait très lentement sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré, il y a deux mois à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise). L’audition par l’IGPN du chef de la patrouille qui l’a interpellé confirme la thèse de l’étouffement.
Les circonstances de la mort d’Adama Traoré s’éclaircissent progressivement. Ce jeune homme de 24 ans est décédé le 19 juillet à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise) suite à son interpellation par les gendarmes. De nombreuses anomalies ont été révélées dans le traitement de cette affaire. Le procureur en charge du dossier n’avait par exemple pas évoqué le « syndrome d’asphyxie » détecté dans deux rapports d’autopsie.
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« Contrôle dorsal et costal »
Alors que la cause officielle du décès n’est toujours pas connue et que sa famille continue de militer pour que « la vérité et la justice » soient faites, le chef de la patrouille qui a interpellé le jeune homme a été entendu par l’IGPN (Inspection générale de la gendarmerie nationale).
Il déclare avoir appliqué « un contrôle dorsal costal le temps du passage des menottes » à Adama Traoré, comme le relate L’Obs :
« Le contrôle dorsal et costal que je réalise se matérialise par le fait de mettre mon genou droit au niveau du centre du dos de l’individu et mon genou gauche sur la partie costale dorsale de l’individu. Je maintiens son bras droit entre mes deux genoux afin de procéder au menottage. »
Cette manœuvre semble similaire à celle qui avait été appliquée à Amadou Koumé le 6 mars 2015, mort lui aussi après son interpellation par la police. « Lorsque la personne est menottée dans le dos, elle est plus facilement en situation de détresse respiratoire : plus elle se débat pour respirer, plus le policier serre », nous confiait maître Eddy Arneton, l’avocat de la famille de M. Koumé.
Ce récit du chef de la patrouille confirme celui de ses collègues qui affirmaient déjà que le jeune homme avait « pris le poids de nos corps à tous les trois ».
Adama Traoré, dont on avait annoncé qu’il portait toute une série de maladies, n’en avait aucune: il a été étouffé. https://t.co/ngAHQbOufR
— Juan Branco (@anatolium) 13 septembre 2016
« Ce que je vois c’est qu’il est essoufflé, ce qui me semble tout à fait logique »
Le chef de la patrouille raconte qu’Adama Traoré avait indiqué lors de son interpellation musclée chez lui avoir du mal à respirer :
« Ce que je vois c’est qu’il est essoufflé, ce qui me semble tout à fait logique suite à la course-poursuite qu’il vient de réaliser ».
C’est une fois arrivée devant le portail de la gendarmerie de Persan que les policiers constatent qu’Adama Traoré semble « s’assoupir ». Les pompiers, une fois sur place, ont demandé à ce qu’on lui retire ses menottes, et ont tenté de la ranimer, en vain. On est très loin de la maladie cardiaque, ou de l' »infection grave » évoquée initialement par le procureur de la République…
Asphyxié jusqu’à la mort par des policiers qui ne lui retireront les menottes que sur injonction des pompiers. Il est déjà mort.
— Juan Branco (@anatolium) 13 septembre 2016
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