L’annonce des soirées “Shanghaïneken” et “Abu Dhabinch”, organisées dans le cadre de la “Nuit de l’ESSEC”, a suscité de vives polémiques sur les réseaux sociaux. Mardi 26 novembre, l’équipe pédagogique a répondu aux internautes, provoquant un tollé.
“L’ESSEC condamne fermement ces propos qui ne correspondent en rien aux valeurs de l’école et à ce que nous attendons des étudiants qui organisent la Nuit.” Mardi 26 novembre, la direction de l’ESSEC a répondu à un tweet accusant l’école de commerce d’organiser “deux soirées racistes le même soir”.
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En cause, les soirées “Shanghaïneken” et “Abu Dhabinch” organisées par des étudiants de l’école dans le cadre de la 44e édition de la “Nuit de l’ESSEC”, qui aura lieu le 24 janvier prochain.
Les intitulés et les descriptions de ces soirées à thème ne sont pas passés : “Prends tes baguettes et ton bol de riz (…) Viens te débrider” ou “Avec nos mille et une pintes, tu deviendras rapidement le roi du pétralcool”… Ces jeux de mots à l’humour plus que douteux ont alors fait réagir la toile qui a accusé l’école de racisme anti-asiatique et d’orientalisme.
L'ESSEC condamne fermement ces propos qui ne correspondent en rien aux valeurs de l'école et à ce que nous attendons des étudiants qui organisent la Nuit. Nous faisons retirer ces publications et ouvrons un dialogue avec eux pour leur faire comprendre la portée de tels propos.
— ESSEC Business School (@essec) November 26, 2019
Pour la toile, ces excuses restent trop légères par rapport à la gravité des propos. Bien que l’ESSEC précise dans son message, qu’elle va “retirer ces publications” et ouvrir un dialogue avec les étudiants organisateurs “pour leur faire comprendre la portée de tels propos”, nombre d’internautes ont regretté que ces derniers ne soient pas vraiment sanctionnés.
C'est pas assez en fait. Va falloir sérieusement penser à des sanctions : chaque année des asso étudiantes font des soirées à thèmes racistes, et chaque année, elles s'en sortent au pire avec une petite tape sur les doigts familièrement appelée "dialogue", au mieux rien du tout ! https://t.co/qHJPpesgdi
— Esther Le Bulldozer (@Lebulldozer_) November 26, 2019
Le compte Instagram “Décolonisons Nous”, qui a invité les internautes à s’exprimer à ce sujet, s’interroge sur les moyens éducatifs mis en place par les écoles de commerce pour contrer ce genre de comportements : “Cela ne semble absolument pas être une priorité dans le budget de ces établissements qui, sûrement, réinvestissent plus dans la recherche et le développement pour attirer encore et toujours plus de portefeuilles et de porte-monnaie, que de produire des esprits capables d’empathie et du simple respect de l’altérité”, indique le post publié sur le réseau social.
Contactée par Les Inrocks, l’ESSEC n’a pas souhaité donner plus de détails sur les mesures prises à l’encontre des étudiants. “On s’est expliqué sur le sujet, on est intervenu, les étudiants ont été rencontrés et il y a un suivi interne qui est fait de l’affaire”, déclare Vitaline Gomes, chargée des relations presse de l’école, précisant qu’une “charte du respect d’autrui, par laquelle [les étudiants] s’engage [nt] à ne pas avoir de comportements déviants, homophobes, sexistes, racistes et xénophobes” a été instaurée l’année dernière.
Mais lorsque nous lui posons la question d’un éventuel travail pédagogique à mettre en place au sein de leur établissement, sa réponse est sans appel : “Je ne pense pas que ce soit un sujet inhérent aux écoles de commerce, je pense que c’est plutôt un sujet de société de manière générale et qu’une éducation doit être faite à ce niveau-là”.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que de tels événements ont lieu au sein d’écoles de commerce. “Décolonisons Nous” rappelle, entre autres, la polémique qui avait secoué l’EM Lyon, le mois dernier, à la suite de la publication d’un article raciste au sein de son guide du Petit Paumé.
La liste des exemples est encore longue. En décembre 2018, la direction d’HEC avait entamé une enquête interne alors qu’une étudiante chinoise avait été la cible de propos racistes. Le mois précédent, des tags antisémites avaient été découverts dans une salle de cours de l’établissement.
Mardi 26 novembre, un internaute a publié une capture d’écran d’un post du même acabit que les deux autres concernant une troisième soirée organisée dans le cadre de la “Nuit de l’ESSEC”, mais, cette fois, sur le thème du Vietnam.
J’ai envie de pleurer.
This is not real. pic.twitter.com/w3CJm5rN8W— Aaliyah Xpress (@AaliyahXpress) November 26, 2019
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