En bloquant la parution de nouvelles photos de sévices perpétrés par l’armée américaine, le Président s’est attiré la foudre des associations de défense des droits de l’homme.
Le 11 août dernier, Barack Obama a demandé à la Cour suprême des Etats-Unis de bloquer la publication de nouvelles photos montrant des soldats américains infligeant des sévices (dont, à en croire les déclarations de militaires américains, de nombreux viols) à des détenus irakiens.
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« La publication de ces photos constituerait un risque considérable pour la vie et l’intégrité physique des soldats et des personnels civils américains« , a-t-il expliqué dans sa requête. Une décision appuyée par de nombreux anciens gradés de l’armée américaine dans la presse. Dans le New York Times, le sergent William Quinn (qui a servi en Irak entre 2005 et 2006) a invoqué quant à lui la dignité des victimes et populations irakiennes, humiliées par la parution des premiers clichés en 2004.
« Les Irakiens y ont vu la volonté délibérée d’humilier les personnes représentées, explique-t-il. Les valeurs de transparence et de liberté d’information, si importantes dans notre culture politique ont été interprétées très différemment par les Irakiens. » La publication d’autres clichés avait pourtant été autorisée par une décision de justice, obtenue grâce à une action menée par l’ACLU, l’association des droits civils américains.
En mai 2009, le Pentagone avait ordre de publier une trentaine de nouvelles photos. Désireux de se démarquer de l’administration Bush, Obama avait promis, lors de son mémorandum concernant la loi sur la liberté d’accès à l’information, le 21 janvier 2009, de faire preuve « d’ouverture et de transparence et d’améliorer l’accès du public à l’information gouvernementale« .
Les clichés d’Abou Ghraib en faisaient partie. Mais subitement, le 13 mai, Obama fait pourtant volte-face et fait appel. Il persiste en recourant à la Cour suprême. « Ces photos apporteraient la preuve que les sévices infligés aux prisonniers par les soldats américains n’étaient pas exceptionnels, mais répandus. (…) Aussi perturbants que puissent être ces clichés, il est essentiel que les citoyens américains connaissent la vérité sur les tortures qui surviennent en leur nom« , a rétorqué l’ACLU qui ne s’avoue pas vaincue.
En attendant les conclusions de la Cour suprême, qui examinera la requête d’Obama en septembre, les observateurs expliquent que c’est au sein de son propre camp que le Président pourrait rencontrer la plus forte opposition.
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