Grande prêtresse du féminisme prosexe, Ovidie enquête sur les pratiques des jeunes filles d’aujourd’hui. Entre déploration et désillusion.
Autrefois fer de lance du féminisme prosexe et une des rares actrices-réalisatrices à tenter de concilier pornographie et réflexion, Ovidie fait le point sur l’évolution des mœurs chez les jeunes femmes d’aujourd’hui, et en particulier sur le rôle d’internet dans cette transformation.
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Son constat général débouche sur une certaine désillusion. Elle qui espérait libérer le sexe et les femmes, se rend compte au fil de son enquête que les vieux schémas patriarcaux de domination masculine/soumission féminine réapparaissent sournoisement à travers les nouvelles pratiques “2.0˝. Lucide, Ovidie se demande si elle n’a pas, à son niveau, contribué à cette évolution (ou plutôt à cette involution) des mœurs. “Je ne peux m’empêcher, dit-elle, de me remettre en question et de me demander si le mouvement auquel j’ai appartenu n’a pas fait fausse route en utilisant la sexualité comme une arme politique. Cette génération n’a-t-elle pas compris tout de travers ?˝
Interrogeant un sociologue, une directrice du Planning familial et surtout quelques jeunes sex-militantes d’une vingtaine d’années, qui sont respectivement blogueuse, journaliste, gameuse ou réalisatrice porno, Ovidie leur demande (et se demande) dans quelle mesure l’omniprésence du sexe sur internet n’a pas contribué à substituer l’image au désir. D’où ces nouvelles normes implicites selon lesquelles de toutes jeunes filles, dont certaines parfois vierges, sont persuadées que la fellation (voire l’éjac faciale et autres joyeusetés) est absolument obligatoire dans une relation, que le sexe féminin doit être absolument imberbe, plastiquement parfait (avec au besoin le recours à la chirurgie plastique pour correspondre aux canons cliniques)…
Le rap ou le gonzo porn réhabilitent discrètement l’esclavage sexuel
“Entre réseaux sociaux, nouvelles applications et mise en scène permanente de leur corps, elles m’ont parfois effrayée, tant les injonctions sexuelles qui pèsent sur elles sont lourdes”, poursuit la réalisatrice. Evidemment, les jeunes intervenantes, blogueuses et journalistes continuatrices d’Ovidie, savent, elles, éviter ces dérives sournoises. Cela n’empêche pas certaines autres femmes de se plier au désir et aux schémas masculins avec un mélange de volontarisme et de docilité, tout en prétendant être maîtresses d’elles-mêmes et de leur corps. Bref, épanouies.
Le retour d’un certain machisme ironisé, glamourisé (par le biais du rap ou du gonzo porn par exemple), a fait beaucoup de dégâts en réhabilitant discrètement l’esclavage sexuel. Il ne porte pas ce nom, certes, mais on n’est pas dupe.
A quoi rêvent les jeunes filles ? documentaire d’Ovidie. Mardi 23, 23 h 10, France 2
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