Depuis 2013, entre 500 et 1 000 clandestins chinois ont été acheminés, chaque année, vers la France, passant par une école de commerce privée du XVe arrondissement. Grâce à des fausses attestations d’inscriptions établies par cette école, ils obtenaient des visas, puis un titre de séjour avec mention “étudiant”, qui recouvrait la durée de leur scolarité. […]
Depuis 2013, entre 500 et 1 000 clandestins chinois ont été acheminés, chaque année, vers la France, passant par une école de commerce privée du XVe arrondissement. Grâce à des fausses attestations d’inscriptions établies par cette école, ils obtenaient des visas, puis un titre de séjour avec mention « étudiant », qui recouvrait la durée de leur scolarité.
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« L’une des plus grosses filières d’immigration clandestine chinoise »
Même s’ils recevaient des bulletins de notes et des diplômes, aucun d’entre eux n’a suivi de cours. Pourtant, comme les vrais étudiants de cette école, ils payaient eux aussi leurs frais inscriptions – entre 2 800 et 4 200 euros.
A l’issue de quatorze perquisitions menées lundi dernier par les policiers de l’Ocriest (Office central pour la répression de l’Immigration irrégulière et de l’emploi d' »trangers sans titres), des chèques sans ordre d’une valeur de 180 000 euros et 80 000 euros en espèce ont été saisis. Avec des mouvements financiers de 6 millions d’euros en dix-huit mois (de février 2014 à août 2015), cette école de commerce constitue, selon Le Figaro, « l’une des plus grosses filières d’immigration clandestine chinoise jamais mise au jour en France par les services spécialisés de la Direction de la police aux frontières (DCPAF) ».
Des liens avec des réseaux de banditisme
Le directeur de l’école de commerce, Bruno C., aurait blanchi les chèques sans ordre des faux d’étudiants via des réseaux de banditisme, venant notamment de la banlieue est de Paris. Ces derniers encaissaient les chèques, et rendaient ensuite l’argent en liquide au directeur, tout en percevant quelques intérêts. Selon Le Figaro, l’autre partie du pactole était récupérée par un restaurant ardéchois, tenu par l’ex-femme du directeur de l’école.
Des comptes en banque dans le rouge
Pour autant, alors que le directeur louait trois appartements à Paris (dont un pour une amie chinoise), à un loyer de plus de 2 000 euros par mois, France Inter indique que ses comptes en banque sont vides. Tout comme les comptes de la société de l’école de commerce, qui auraient des arriérés de paiement à l’Urssaf de près de 800 000 euros.
Déjà connu de la justice pour des affaires d’escroquerie, de banqueroute, de fraude fiscale et d’extorsion de fonds, le directeur risque sept années de prison. Incarcéré après les perquisitions, il avait remplacé en 2010 l’ancien directeur de l’école, un « ami » congédié car déjà impliqué dans un trafic de documents scolaires auprès de clients asiatiques.
Un trafic sans prise de risque
Le commissaire divisionnaire et patron de l’Ocriest Julien Gentile, indiquait au Figaro :
« Le mode opératoire, assez simple, était quasiment imparable, puisqu’il n’y avait besoin d’aucune logistique de transports, ni de cache aménagée pour les clandestins, et d’aucune prise de risque lors des passages à la frontière ».
« Il est très rare qu’une filière clandestine soit dirigée par un ressortissant français, les filières afghanes sont tenus par des afghans, les filières vietnamiennes par des personnes d’origine vietnamiennes, là il suffisait d’une imprimante pour délivrer des centaines de justificatifs pour les visas et les faux diplômes, sans que l’équipe pédagogique ne soit au courant ».
Le démantèlement de la filière précède en réalité une enquête d’un an menée par l’Ocriest, alerté fin 2014 par un officier de liaison de la Direction de la coopération internationale (DCI) basé à Pékin. Cet officier avait remarqué « une soudaine inflation de demandes de visas émanant d’étudiants désirant tous rejoindre une seule et même école française basée à Paris ».
Depuis les perquisitions de lundi dernier, 9 personnes ont été mises en examen, et 2 placés en détention provisoire.
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