A Little Havana, quartier de la ville de Floride où sont rassemblés de nombreux Cubains, les rues ont été le théâtre de manifestations de joie après la mort du Líder Máximo.
Mouvements de foule dans les rues de Little Havana, enclave cubaine de Miami où des milliers de gusanos (“vers de terre” en espagnol – ndlr) “traîtres à leur pays” ont trouvé refuge après avoir déserté leur île. Une poêle et une cuillère, c’est tout ce dont ils ont besoin pour se faire entendre devant le Café Versailles, restaurant cubain à la renommée internationale et point de ralliement des opposants au régime castriste. Dans la nuit du 25 au 26 novembre, la communauté cubaine de Miami réagit à la mort de Fidel Castro, comandante en jefe de la révolution cubaine et président du pays pendant quarante-deux ans.
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La nouvelle est tombée aux alentours de minuit, heure locale, à la télévision nationale cubaine qui diffusait alors les images d’un Raúl Castro solennel, annonçant la mort de son frère aîné et ponctuant d’un tonitruant “¡ Hasta la victoria siempre !”. Au beau milieu de la nuit, instinctivement, ces Cubains d’Amérique se sont réunis par centaines.
“Satan, Fidel est désormais tien”
A 144 kilomètres de leur île, ils se sont parés des couleurs de leur pays et s’enlacent sous la bruine tropicale de Floride. A la “petite Havane”, la foule, elle, n’a qu’un seul et unique mot en bouche en réponse au discours de l’actuel Président cubain : “Libertad.”
Depuis plusieurs heures, les voitures circulent autour du pâté de maisons du Café Versailles. Partout, des pancartes sont brandies avec fierté et les slogans qu’elles affichent semblent avoir été préparés depuis longtemps : “Satan, Fidel est désormais tien, inflige-lui ce qu’il mérite, ne le laisse pas reposer en paix.”
Certains badauds sont venus battre le pavé en arborant leur plus beau T-shirt à message, qui attendait patiemment dans un placard que le camarade du Che trépasse. “Se jodio el caballo” – “le cheval (surnom de Fidel Castro – ndlr) est mort”, peut-on lire sur quelques poitrines.
Sur d’autres, un simple “Cuba Libre” se distingue, tandis que certains sirotent ce cocktail auquel s’ajoutent des références politiques américaines. Dans les airs, les drapeaux aux couleurs du pays de José Marti côtoient des étendards “Trump 2016” ou encore des couvre-chefs estampillés NRA (National Rifle Association).
Certains dansent, d’autres titubent, sourient
Après des années d’attente, leur jour est enfin venu et suscite une liesse digne d’une fête nationale – à quelques rues de là, les plus prévoyants s’improvisent artificiers. Les étincelles et la joie crépitent en dépit de la météo capricieuse de Miami.
Venus des quatre coins du comté, ces citoyens cubains de tous âges arpentent avec frénésie la même rue de haut en bas. Au fur et à mesure de la nuit, leurs rangs grossissent et ne diminueront qu’au petit matin. Certains dansent, d’autres titubent, sourient et ensemble donnent naissance à un macabre carnaval.
Sous l’étoile du drapeau cubain, le nez planté dans le ciel et les yeux rivés vers l’avenir, les gusanos de Miami imaginent l’avènement de la liberté, une décennie après que le Jefe a remis les rênes du pouvoir à son frère Raúl.
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