Pour soigner le corps et la tête ou pour s’accepter, rien de mieux que la danse. A Los Angeles, striptease féministe, pole dance et dance parties thérapeutiques deviennent un nouveau terrain d’engagement.
Dans le sillage du mouvement body positive qui s’est déployé sur Instagram, la danse fait une profonde percée à Los Angeles. Et si cette pratique pouvait nous apprendre à reprendre possession de nos corps et de nos émotions ? D’une troupe inclusive à la danse thérapeutique en passant par le striptease féministe, petit tour d’horizon des initiatives les plus pointues de L.A.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Place à l’improvisation, à l’absurde, au ridicule
Soigner la tête par le mouvement du corps associé à l’énergie et à la bienveillance d’autres femmes, telle est l’ambition du L.A. City Municipal Dance Squad. Cette troupe de danse 100 % féminine a été fondée il y a quatre ans par Angela Trimbur, une actrice de 37 ans. Le but ? Abolir l’idéalisation du féminin dans une ville où le culte du corps, de la performance et de la perfection est placé au-dessus de tout.
“Ça fait du bien de pouvoir s’exprimer avec notre corps sans jugement” – Alana, participante au dance parties
Angela organise avec son crew des dance parties monumentales où les femmes viennent créer du lien, du sens, de la confiance, et retrouver de l’amour-propre ou de l’amour tout court. “Ça fait du bien de se sentir soi-même et de pouvoir s’exprimer avec notre corps sans jugement”, explique Alana Gospodnetich, qui fait partie de la troupe depuis le début.
Pendant trois heures, près de soixante-dix femmes de toutes origines, orientations sexuelles ou de tous genres se défoulent sur une playlist 100 % féminine imaginée par la DJ Mia Moretti. Angela, l’effervescente capitaine de cette foule, a réussi à créer un espace de liberté et de confiance qui encourage la tolérance et la sororité. “Merci pour le boost magique de confiance en soi et pour cette soirée remplie de joie, de danse décomplexée et d’empowerment”, réagit Ashley, une participante.
Il est vrai que l’énergie est très puissante et portée par les paroles des chansons minutieusement choisies : Beautiful de Christina Aguilera, Run the World (Girls) de Beyoncé, Dancing Queen d’ABBA ou encore Let Me Blow Ya Mind d’Eve.
Plongeon dans l’esthétique 90’s
Oubliez les miroirs des studios de danse classique, les chorégraphies à suivre scrupuleusement, l’esprit de compétition, les tenues sans âme, ici place à l’improvisation, à l’absurde, au ridicule même. Body, legging fluo, chouchous XXL, crop top, culotte taille haute léopard, les filles se plongent dans l’esthétique 90’s, souvent les années de leur adolescence.
“Avec tendresse, grâce, humour et sincérité, Angela nous pousse à nous aimer. Elle fait partie de ceux qui donnent, aiment, c’est une amie pour nous toutes. L’énergie qu’elle apporte dans cette pièce est sacrée”, complète une autre participante enthousiaste.
Angela porte ce mouvement de danse démocratique et salvateur tout en se battant contre un cancer du sein particulièrement violent et assume son crâne à blanc. Une forte incarnation d’acceptation de soi.
Cours de pole dance comme une leçon d’estime de soi
Il n’est pas encore 19 h 30 un mercredi quand on pousse la porte du Jumbo’s Clown Room, un légendaire club de striptease ouvert depuis 1970 à Los Angeles. Perdu au fin fond de Hollywood Boulevard, ce club intimiste se distingue grâce à la mixité de sa clientèle.
Autant (voire plus) de femmes que d’hommes dans le public, dont des groupes exclusivement féminins. La magie opère dans une ambiance saine et sécurisante sur la petite scène où trône une seule barre de pole dance. “On est dans un club de performeuses, pas dans le faux sein, ici ce sont les stripteaseuses qui foutent un bordel incroyable à tour de rôle.
Ça gueule derrière le bar, ça passe d’une danse sur AC/DC à une autre sur Kendrick Lamar à une troisième sur Shania Twain. Les dollars volent sur scène, ça applaudit, on n’est pas du tout dans la domination par le fantasme”, décrit Pharrell, 34 ans, un Français habitué des lieux.
Confiantes et fières, les danseuses sont toutes de vraies badass : grillz sur les dents, tatouage “heartbreaker” (“briseuse de cœur”) dans le dos, black, blonde, rousse, maigreur ou rondeur… leurs corps sont différents et leur appartiennent.
La liberté de leurs mouvements éclate, tandis qu’elles réalisent des prouesses sur des talons de vingt centimètres. L’art du pole dance nécessite une habileté athlétique. “Quand, sur un solo de guitare, elle s’élève à 2 mètres 50 du sol sur la barre à la force des bras, avant de retomber en un éclair en faisant claquer ses talons sur le parquet usé de la petite scène, c’est le feu. Ici, l’impression générale, c’est que les danseuses sont les boss, il n’y a pas de patron louche derrière le rideau ou de mecs qui essaient de mettre des mains au cul,” insiste Pharrell.
“Merci de me laisser être une bombe sexuelle et encouragez les autres à en faire de même” – Fox Sinclair, danseuse au Jumbo
Fox Sinclair est l’une des danseuses stars du Jumbo. Elle donne des cours de pole dance inclusifs comme une leçon d’estime de soi. “C’est vraiment agréable d’être dans une pièce où les filles embrassent leur sensualité. Je réalise que j’ai beaucoup plus souvent cette opportunité que la plupart des gens. Et c’est important.
Nous devrions toutes cesser d’être agressives envers les femmes dont le comportement sexuel serait jugé ‘hors norme’. Merci de me laisser être une bombe sexuelle et encouragez les autres à en faire de même”, admet-elle. Malgré l’évidence qu’un club de striptease est un pilier de la culture masculine, les filles du Jumbo savent inverser la tendance avec style et poigne.
www.visitcalifornia.com
{"type":"Banniere-Basse"}