La campagne présidentielle est déjà lancée sur les chaînes d’info, qui font le récit circonstancié des stratégies des candidats non déclarés.
On a beau être seulement en mars 2011, impossible d’y échapper : l’élection présidentielle obsède les chaînes d’information. L’échéance de mai 2012 constitue pour BFM et I-Télé l’occasion décisive de s’imposer face aux généralistes en rendant leur offre 100 % info incontournable.
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De son côté, LCI veut marquer sa différence en s’appuyant davantage sur l’analyse et le décryptage, et prépare le lancement d’un « Journal de la présidentielle ». Mais la guerre a surtout commencé chez les deux concurrentes de la TNT : I-Télé propose ainsi chaque matin En route vers la présidentielle en partenariat avec Radio classique, présenté par Guillaume Durand et Michaël Darmon, et une heure sur le même sujet le soir avec Elysée 2012.
Du côté de BFM, on retrouve le matin l’interview politique de Jean-Jacques Bourdin en partenariat avec RMC, Bourdin 2012 et le dimanche soir l’émission d’Olivier Mazerolle, BFMTV 2012, qui dure deux heures au lieu d’une.
« En France, la présidentielle est une mécanique permanente »
Du jamais vu pour une élection présidentielle qui démontre que la politique n’est plus l’apanage des chaînes généralistes. Mais démarrer quatorze mois avant l’échéance, n’est-ce pas se caler sur l’obsession des politiques eux-mêmes ? Réponse de Michaël Darmon d’I-Télé :
« Normalement, on aurait dû commencer cette émission le 7 mai 2007 ! Sarkozy prépare sa réélection depuis qu’il est élu. En France, la présidentielle est une mécanique permanente. Pourquoi se priver de la raconter ? »
Pour ce journaliste, commencer à parler de la campagne en amont permettrait ainsi aux médias de s’affranchir de la communication des politiques : « Jusqu’à présent, c’était les candidats ou les institutions qui donnaient le feu vert de la campagne. Aujourd’hui, les médias reprennent la maîtrise de l’agenda. »
De fait, le temps d’antenne permet aux chaînes d’info de rendre compte de l’actualité politique heure par heure à la manière d’un feuilleton : le dernier remaniement a été ainsi largement « scénarisé », avec annonces au comptegouttes et supputations, sur fond de plans de ballets de voitures dans la cour de l’Elysée.
« Le lancement de chaînes d’info sur la TNT gratuite a permis d’attirer à l’information un public qui, jusqu’ici, ne s’y intéressait pas », décrypte ainsi Christophe Jakubyszyn, directeur de la rédaction de RMC.
Un espace d’expression exceptionnel pour les politiques
Mais toutes ces heures d’antenne ne risquent-elles pas de noyer l’info dans une avalanche de commentaires ? : » On veut privilégier les faits, précise Olivier Mazerolle, car en télé le débat avec des éditorialistes tourne vite à la redite permanente. »
En tout cas, ces dispositifs font à coup sûr le bonheur des politiques, qui ne se sont jamais autant exprimés : d’après un récent décompte, il y aurait environ soixante-dix interviews politiques par semaine ! D’où une inflation certaine de la « petite phrase » ou la pique politicienne qui occupe l’espace médiatique parfois au détriment des autres informations. Mais, à BFM, on assume :
« Les petites phrases font partie de la politique, affirme Olivier Mazerolle. De deux choses l’une : soit les gens auront envie de les écouter et on ne pourra le reprocher ni aux journalistes ni aux politiques, soit le public s’en lassera et on en sera tous punis ! »
C’est dit.
Marjorie Philibert
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