Envers et contre tout, la section socialiste du XIe arrondissement de Paris organisait samedi sa fête de la rose. Au programme, débats, stands et buvette, à mille lieux de l’agitation médiatique de cette semaine. Une ambiance presque trop tranquille, à peine perturbée par l’incursion agitée de quelques ultras mécontents.
Une petite quinzaine de stands, une estrade et des militants souriants. Boulevard Richard Lenoir, l’ambiance est bon enfant. Les T-shirts rouges sont de sortie, la buvette a déjà écoulé 30 litres de bière et sur la scène, on célèbre le 140e anniversaire de la Commune de Paris. De DSK, pas la moindre trace ni le moindre mot. Une semaine après la tempête médiatique, les militants semblent vouloir aller de l’avant. D’ailleurs, il n’a jamais été question d’annuler la fête. Danièle Hoffman-Rispal, députée de l’arrondissement, martèle :
« Elle était prévue, donc elle se tient. Entre nous, on ne parle absolument pas de Dominique Strauss-Kahn. Les militants eux, ils bossent. La vie ne s’est pas arrêtée samedi dernier. »
Le mot d’ordre semble avoir été donné partout : les militants sont là pour parler du projet national, voté jeudi. Pas de DSK. « L‘actu, c’est qu’on a voté le projet national. Le reste, à vrai dire, on n’en parle pas », renchérit Gilles, du stand de HES (homosexualité et socialisme).
Et comme pour illustrer ses propos, une petite chorale monte sur scène. Sur les paroles d’Herbert Pagani, le ton est donné : « France socialiste, puisque tu existes, tout devient possible, ici et maintenant ». Amen.
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« L’occasion de tout remettre à plat »
Après cet intermède musical de qualité, direction la buvette. Mais là encore, les militants sont peu prolixes sur l’affaire DSK. Même si Clément, 26 ans, avoue être « super triste », il n’en est pas pour autant découragé. « Au contraire, c’est une chance, renchérit son copain Pierre-Henri, on a l’occasion de tout remettre à plat. »
Il faudra finalement attendre le discours du maire du XIe, Patrick Bloche, pour entendre parler de l’affaire Strauss-Kahn.
« On n’avait pas prévu de faire la fête dans ce contexte si particulier. Le sujet est au centre de nos préoccupations, mais c’est en nous rassemblant que nous allons puiser la force nécessaire.’
Et là, surprise, en plein milieu de son discours, l’élu est interrompu par un petit groupe qui l’interpelle sur les expulsions de Tunisiens. Le ton monte, l’assemblée se lève et on échange très vite des noms d’oiseaux. Enfin un peu d’action.
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Dans la confusion générale, Alberto, 48 ans explique « la mairie se fait de la pub, alors qu’en attendant, il y a des Tunisiens qui viennent de se faire embarquer par la police porte de la Villette. On vient perturber l’évènement, mettre la mairie de Paris face à ses responsabilités« . Dans la cacophonie, difficile de savoir qui est qui, on s’affronte à coups de « hé la place de la Bastille, c’est là-bas » ou de « Arrête de m’appeler camarade ». Prends ça.
Au bout d’une vingtaine de minutes, la tension retombe et le petit groupe repart après avoir fait le tour des stands. Pas évident cependant de reprendre le fil. Patrick Bloche remplit nerveusement sa pipe et certains suggèrent de faire remonter la chorale sur scène pour apaiser l’ambiance. Philippe Wehrung, le responsable de la section, est au moins aussi rouge que son T-Shirt. Mais beau joueur, il concède : « Ca fait partie du jeu. Les ultras adorent taper sur le PS. » Un jeune homme, plein de bonne volonté, relance la sono pour disperser la foule.
Et les hauts-parleurs de diffuser à plein régime Help des Beatles.
Encore raté.
Cerise Sudry-Le Dû