Pour sa quatrième édition, la Design Parade, installée entre Toulon et Hyères, prône un retour à la tradition du savoir-faire et aux matériaux naturels
Fondée en 2016 par Jean-Pierre Blanc et Pascale Mussard, directrice de la Villa Noailles d’Hyères, la Design Parade est la petite sœur du Festival international de mode d’Hyères qui s’est déroulé cette année à la fin du mois d’avril dans le Var.
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Qui dit design, dit ambiance et atmosphère relativement différente de la mode. Le principe reste le même, plusieurs candidats sont sélectionnés et invités à réfléchir sur un thème, cette année, à repenser une pièce d’une villa méditerranéenne. C’est au cœur de la pittoresque vieille ville de Toulon, dans l’enceinte de l’ancien évêché, que les candidats sont conviés à imaginer leur villa méditerranéenne idéale. Mais ils ne sont pas les seuls. Cette année, alors que la manifestation prend petit à petit de l’importance, plusieurs acteurs majeurs de l’architecture d’intérieur et du design font aussi leurs propositions à travers des mini-expositions. On note notamment le centre Pompidou, qui propose une réflexion sur l’histoire de la chaise longue et les étudiants de l’école Camondo, qui ouvrira très prochainement une antenne varoise, qui retapent le magasin “Monique Monique” sur la rue principale de la ville.
Concevoir en accord avec la nature
Alors que nous découvrons la partie architecture d’intérieur de la Design Parade à Toulon, le tout-le-monde du milieu se hâte joyeusement entre les différentes pièces du vieil évêché, repeint pour l’occasion en un panel de bleus. A l’étage, le travail du président du jury de cette année, François Champsaur, réfléchit à travers des collaborations – on remarque par exemple une lampe Pouenat – à des nouvelles manières de réintroduire le matériau brut dans la discipline architecture d’intérieur. Ceci est intéressant, car il semble que la jeune création, consciente, influence ses aînés. Comment réintégrer un lien à la nature ? Transformer les matériaux au minimum et sans perte ? Tous ces questionnements imprègnent profondément les projets proposés cette année. Les vainqueurs du grand Prix Design Parade Van Clef & Arpels, Céline Thibault et Géraud Pellottiero, conçoivent eux une salle de bains toute en savon, à la frontière entre la tradition du bain japonaise et leur vision de la villa méditerranéenne. Un travail pour lequel les deux candidats insistent : “il s’agit à la fois de travailler avec les artisans locaux mais aussi de concevoir quelque chose qui est totalement réutilisable”.
La réappropriation d’un artisanat
L’importance et la nécessité à la fois de soutenir l’artisanat français mais également la conception éco-consciente des productions se démarquent non plus comme des arguments de vente mais comme des principes de fonctionnement totalement intégrés par la jeune – et moins jeune – génération. Cette caractéristique, que l’on retrouve à travers la grande majorité des projets, renforce la place des festivals d’Hyères et Toulon comme des espaces d’avant-garde et de réflexion encore à part. Un renforcement du savoir-faire en orfèvrerie qui se traduit d’ailleurs dans l’exposition de la marque Goossens. Au rez-de-chaussée du lieu, la maison est invitée à concevoir des pièces pour l’exposition. Robert Goossens, d’abord parurier et orfèvre, rencontre Gabrielle Chanel pour laquelle il commence à concevoir des objets. Mais c’est 1995, que l’architecte Peter Marino contacte la Maison pour utiliser son savoir-faire dans les boutiques CHANEL, concevant ce que Martine Goossens, fille de Robert appellera des “bijoux d’espaces”. A travers cette série, qui entend réfléchir sur les thèmes favoris du fondateur (nénuphars, corail, minéral), Gwénaëlle Créhalet, directrice générale de la marque depuis deux ans, explique : “Nous avons voulu jouer avec l’extérieur de l’évêché à travers ces créations, les penser dans leur environnement”. La marque souhaite donc développer son savoir-faire pour l’utiliser différemment. “C’est en faisant des propositions propres que nous pourrons avoir une vraie crédibilité sur le plan de l’architecture d’intérieur”.
Ainsi si la valorisation du savoir-faire est une caractéristique intrinsèque de la discipline de l’architecture ainsi que du design, on ne peut que noter la réelle intériorisation, que ce soit en mode il y a deux mois, ou aujourd’hui à la Design Parade, des problématiques éthiques.
Grâce à la Design Parade, Toulon et Hyères s’imposent, au cours des quelques mois lors desquels sont accessibles les expositions, comme de réels espaces d’expérimentation et d‘innovation, tout en respectant l’identité varoise. La difficulté, est bien celle de comprendre que les problématiques actuelles ne sont pas celles de Paris, ou de la France, mais bien plus globales. Quel avenir pour l’urbain, quel avenir pour l’architecture et quel aide le design peut-il apporter à la crise qu’affronte aujourd’hui notre planète ?
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