Tout s’est passé à peu près comme prévu : la gauche a connu sa troisième défaite électorale d’affilée et a perdu la moitié de ses départements. En passant de droite à gauche, la Lozère a joué le rôle d’Avignon lors des dernières municipales, l’exception qui confirme la règle. Si elle conserve de haute lutte des […]
L’édito de Frédéric Bonnaud
Tout s’est passé à peu près comme prévu : la gauche a connu sa troisième défaite électorale d’affilée et a perdu la moitié de ses départements. En passant de droite à gauche, la Lozère a joué le rôle d’Avignon lors des dernières municipales, l’exception qui confirme la règle.
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Si elle conserve de haute lutte des places fortes historiques telles que la Loire-Atlantique, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne ou le Pas-de-Calais, la gauche perd les Côtes-d’Armor, socialistes depuis trente-neuf ans ; les Bouches-du- Rhône, tout un symbole et fin du “système Guérini” ; ou l’Allier, vieille terre communiste. Et s’il ne faut pas accorder une importance excessive à la perte de la Corrèze, le département du Président, aux résultats traditionnellement serrés, les échecs dans le Doubs (Pierre Moscovici), la Seine-Maritime (Laurent Fabius), la Saône-et-Loire (Arnaud Montebourg) et évidemment l’Essonne (Manuel Valls) font très mal au Parti socialiste, dont quasiment tous les leaders nationaux ont été sévèrement sanctionnés.
Le prochain épisode, la prochaine défaite annoncée, ce sera en décembre avec les régionales. Là encore, l’exécutif jouera la dramatisation à outrance, mouillera la chemise, tout en se préparant à perdre la moitié (hypothèse optimiste) ou les deux tiers (plus probable) des treize nouvelles régions métropolitaines.
Le coup de dés de la présidentielle
Mais qu’importe, au fond, puisqu’il est écrit que 2015 sera une année épouvantable jusqu’au bout, l’interminable cauchemar de la gauche, une année à oublier bien vite, avec deux élections perdues d’avance à enjamber, comme on dit, avant le répit de 2016, année sans élections, ouf !, et enfin 2017, avec la seule qui compte vraiment, celle où la participation passe de 50 à 80 %.
La démocratie française en est là et ce n’est pas vraiment une nouveauté : une moitié du corps électoral sanctionne le pouvoir à chaque élection intermédiaire, celui-ci s’en moque, ne bronche pas d’un cil et attend de jouer sa réélection sur un coup de dés à la présidentielle. Et s’il fallait changer de Premier ministre et de ligne économique à chaque revers électoral… Il n’y aura donc ni leçons ni conséquences, circulez, bonnes gens, vous nous avez défaits pour rien !
Il faut bien sûr se réjouir du sursaut politique qui a empêché le Front national de remporter le moindre département. Il n’aurait plus manqué que cela et l’obtention d’un ou plusieurs conseils départementaux aurait constitué un thème de propagande des plus pénible. Grâce soit rendue aux électeurs qui nous ont évité ce nouvel affront national. Mais il n’empêche que le FN passe d’un seul conseiller général en 2011 – qui a d’ailleurs perdu – à 62 élus départementaux, ce qui signifie que s’il n’est pas complètement détruit, le fameux “plafond de verre” du second tour est proche de sa disparition pure et simple. Et il va sans doute falloir que Nicolas Sarkozy lui-même tempête et menace pour que ses élus de l’Aisne et du Vaucluse se tiennent tranquilles et ne passent des alliances par trop gênantes et voyantes.
La droite a gagné, certes, mais il n’est pas dit que la formule magique de 2007 – triompher en siphonnant les voix du FN, sans passer alliance – puisse être reproduite de sitôt. Et ça, Nicolas Sarkozy ne le sait que trop…
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