Alors que Fidel Castro réclame aujourd’hui à Barack Obama la fin du blocus de Cuba, l’artiste cubaine Tania Bruguera n’a pas hésité à présenter une performance dénonçant l’absence de liberté dans l’île.
A ceux qui se demandent à quoi pourrait bien ressembler un artiste politique (et s’il est encore sensé, aujourd’hui, de parler d’art engagé, l’artiste Tania Bruguera apportera sans doute des réponses.
Voyez plutôt : cette artiste d’origine cubaine, qui partage aujourd’hui sa vie entre Chicago, Paris et La Havane, s’est taillé depuis les années 90 une solide réputation en matière d’infiltration du champ politique. C’est elle, par exemple, qui proposa en 2007, lors d’une résidence au 104 à Paris, l’écriture collective d’une « Déclaration des droits de l’homme migrant ».
Parmi ses actions plus récentes, son intervention à la dernière Biennale de La Havane (qui fête cette année son dixième anniversaire autour de la thématique « Intégration et résistance à l’ère de la mondialisation » et s’achève le 30 avril.
A l’occasion d’une performance, elle a célébré à sa manière les 50 ans du régime castriste et parodié le discours d’intronisation de Fidel Castro en 1959. A la tribune, encouragés par l’artiste et encadrés par deux faux agents du ministère de l’Intérieur, les membres anonymes du public, une colombe sur l’épaule, défilent et dénoncent le manque de liberté et la censure.
En offrant à chacun de ces orateurs spontanés une minute pour exprimer en public ses idées dans un pays où la liberté d’expression n’est toujours pas à l’ordre du jour , Tania Bruguera a suscité la fureur du régime castriste qui entend bien maintenir le cap depuis la quasi-disparition de son inspirateur. Raúl Castro, au pouvoir depuis la maladie de son frère, a dénoncé cette « machination propagandiste anticubaine ».
La performance, rappelle l’artiste, était pourtant inscrite officiellement au programme de la Biennale financée par le ministère de la Culture. Le signe, sans doute, comme le rappelle Glexis Novoa, artiste cubain basé à Miami, que « malgré les apparences et la volonté du gouvernement cubain de redorer son image auprès de la communauté internationale, les choses n’ont pas changé à Cuba. Il y a toujours une dictature en place et les gens sont encore en prison. »
« Nous ne voulons plus attendre la permission d’utiliser internet« , a rappelé un bloggeur qui subit la pression quotidienne du gouvernement cubain. La diffusion massive de cette performance, qui a d¹ores et déjà fait le tour de la planète internet grâce à YouTube, sonne déjà comme une première victoire.
La performance de Tania Bruguera à la Biennale de La Havane est visible à sur Youtube :