Déboulonnée début juin lors de manifestations du mouvement ayant suivi la mort de George Floyd, la statue d’Edward Colston a été remplacée par celle d’une manifestante, avant qu’elle-même ne soit retirée.
Était-ce si compliqué ? Ce 15 juillet, à l’initiative d’un artiste, Marc Quinn, une statue d’une manifestante de Black Lives Matter a remplacé celle du marchand d’esclaves Edward Colston à Bristol, au Royaume-Uni. Pour rappel, celle-ci avait été déboulonnée puis jetée dans la rivière Avon par des manifestants antiracistes le 7 juin. La ministre de l’Intérieur, Priti Patel, avait dénoncé un acte “absolument honteux”. Pourtant, depuis des années, la statue faisait l’objet d’une controverse.
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L’artiste Marc Quinn et ses équipes ont provoqué l’histoire
Après cet événement, le projet du maire de la ville anglaise, Marvin Rees, consistait à exposer la statue dans un musée, dans son contexte actuel, avec des banderoles des manifestations. La mairie n’avait cependant pas prévu qu’elle serait remplacée par celle d’une manifestante. C’est l’artiste Marc Quinn et ses équipes qui ont provoqué l’histoire.
Installée sur le socle où se trouvait la statue d’Edward Colston, la statue en acier noir représente Jen Reid, une manifestante qui avait été photographiée le poing levé sur le socle vide de l’ancienne statue, rapporte Le Monde. Cette œuvre éloquente s’intitule Une montée en puissance (“A Surge of Power”).
A sculpture of a Black Lives Matter protester has replaced a slave trader statue in the UK.
The work is officially titled "A Surge of Power (Jen Reid) 2020" and depicts a woman with her fist raised in a Black Power salute. https://t.co/Qx42f7ntNK pic.twitter.com/aOVVCzxdmH
— CNN (@CNN) July 15, 2020
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Une consultation de la population en vue
Le maire de la ville, Marvin Rees, a réagi dans un communiqué en promettant une consultation démocratique à ce sujet : “La statue qui a été installée aujourd’hui est le fruit du travail d’un artiste londonien, qui n’a pas demandé ni obtenu l’autorisation. L’avenir du socle de la statue et de ce qui doit y être installé doit être décidé par les habitants de Bristol”.
Video: The moment the statue of Jen Reid was lifted from the plinth at 5.30 this morning, by workmen on behalf of the council. pic.twitter.com/E8Cz72wSb6
— Anthony Ward (@Anth0ny_Ward) July 16, 2020
Interrogé au sujet des déboulonnages par Les Inrockuptibles, l’historien spécialiste de l’iconoclasme politique, Emmanuel Fureix, expliquait : “Les monuments sont aussi des lieux de pouvoir où s’exprime une domination symbolique qui peut être ressentie comme une violence dans le présent, et qu’il s’agit de réparer. C’est tout le sens des graffitis ‘Black Lives Matter’ apposés sur certains monuments confédérés : ces monuments ne perpétuent pas seulement une mémoire esclavagiste, ils légitiment au présent les discriminations raciales vécues.”
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Finalement, la statue réalisée par Marc Quinn a été retirée le 16 juillet à l’aube, à la demande de la municipalité puis placée dans un musée de la ville pour que son auteur puisse la récupérer ou la donner à la collection de la ville.
I understand people want expression, but the statue has been put up without permission.
Anything put on the plinth outside of the process we've put in place will have to be removed.
The people of Bristol will decide its future. https://t.co/dEsZF9kNRt
— Marvin Rees (@MarvinJRees) July 15, 2020
Article mis à jour le 16 juillet à 14h33 avec le retrait de la statue.
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