Le selfie de Bradley Cooper, accompagné d’une brochette de stars lors de la cérémonie des oscars 2014, est encore dans toutes les têtes. Une simple photo, retweeté plus de 3 millions de fois en deux jours seulement. Le selfie est partout et, peu importe le ridicule généré, les touristes n’hésitent plus à dégainer leur perche […]
Le selfie de Bradley Cooper, accompagné d’une brochette de stars lors de la cérémonie des oscars 2014, est encore dans toutes les têtes. Une simple photo, retweeté plus de 3 millions de fois en deux jours seulement. Le selfie est partout et, peu importe le ridicule généré, les touristes n’hésitent plus à dégainer leur perche à tout-va. « Selfie » a même été sacré mot de l’année 2013 par le prestigieux Oxford Dictionnary.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour André Gunthert, chercheur titulaire de la chaire d’histoire visuelle à l’EHESS et auteur de l’Image Partagée, paru mercredi dernier aux éditions Textuel, « Le selfie est une révolution comme on n’en a pas connu depuis des siècles ». Et le degré d’irritation qu’il produit chez ses nombreux détracteurs qui le diront vulgaire, ridicule, enfantin confirme « le bouleversement profond des codes sociaux » qu’il annonce.
Voici quelques idées reçues sur le selfie :
1/ Le selfie n’est pas nouveau
Il n’a pas fallu attendre les nouvelles technologies, ou le smartphone pour se prendre seul en photo. André Gunthert prend l’exemple de Thelma et Louise, héroïnes du film éponyme de Ridley Scott. Elle retourne leur Polaroïd pour immortaliser leur départ en « road trip ». Elles n’ont besoin de personne pour les prendre en photo. Le selfie affirme déjà leur autonomie. Pratique de l’ombre, le selfie, puisqu’il a désormais un nom, se banalise à partir de 2013 pour devenir une forme de contre-culture.
2/ Le selfie n’est pas qu’une image
C’est de l’« hypercontextualisation« , dans le temps et dans l’espace. L’auteur du selfie veut dire, « j’étais là, à ce moment, avec cette personne« . Il fabrique un moment précis et par là même, le souvenir de ce moment.
3/ Le selfie, même devant la Joconde, n’est pas irrespectueux
Au contraire, il manifeste l’appropriation de l’oeuvre d’art ou du site touristique par son auteur. C’est un signe d’intérêt, de respect. Et d’ailleurs, ce n’est plus « un monument » mais « leur » monument puisque le moment de la prise de vue devient partagé, presque intime.
4/ Le selfie est une conversation
C’est une image connectée, partagée. « On ne fait pas un selfie pour soi mais pour les autres » explique le chercheur. Pour communiquer, le selfie est une conversation, il n’existe pas dans le destinataire et il attend une réponse.
Le reste des idées reçues est à retrouver sur le Nouvel Obs.
{"type":"Banniere-Basse"}