Le parc Spirou ouvre ses portes ce samedi. Entretien avec son président, Daniel Bulliard qui fut pendant quinze ans directeur du Futuroscope de Poitiers.
Après les Gaulois du parc Astérix qui résistent encore et toujours à l’envahisseur impérialiste, c’est un autre héros de bande dessinée, un groom belge qui va se dresser face à Mickey : le parc Spirou ouvre ses portes ce samedi à Monteux, près d’Avignon. Pour l’occasion, on a discuté avec Daniel Bulliard, le président du parc, qui a géré le Futuroscope pendant quinze ans. Il nous livre ses tuyaux. Un entretien essentiel pour qui veut améliorer ses parties de Theme Park ou Roller Tycoon 3.
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L’emplacement
« C’est LE critère le plus important. Il faut trouver un terrain situé à proximité d’un grand bassin de population, dans une région assez touristique. Ce terrain devra être bien desservi, avec un accès par autoroutes. Le foncier ne doit pas être trop cher, et aménageable sans recours judiciaire. Il faut aussi qu’il y ait un climat agréable, et que la collectivité locale du terrain en question soit dynamique, et partante pour le projet… Au final, ça fait beaucoup de paramètres à remplir, il n’y a pas tant de territoires adaptés que ça. Avec Monteux, le parc Spirou est vraiment bien tombé, nous sommes dans le sud de la France, près d’Avignon, une région où 30 millions de touristes passent chaque année « .
Le nom
Avoir trouvé son emplacement, c’est bien, mais encore faut-il que ce soit bien clair pour tout le monde. Du côté de Mickey, on a mis deux ans à comprendre que le nom « EuroDisney » était beaucoup trop vague, et ne donnait aucun indice sur la localisation du parc pour les touristes européens et américains. Erreur résolue en 1994, avec le nom « Disneyland Paris ». Un problème qui se posera pas pour Daniel Bulliard et le « Parc Spirou Provence », comme c’est son nom officiel.
Nouvel état des lieux du Parc Spirou, ouvrez grand les yeux ! #ParcSpirou #Monteux #Provence #drone pic.twitter.com/Riyk9oJy5E
— Parc Spirou Provence (@Parc_Spirou) May 31, 2018
Un héros reconnaissable (par les parents et les grand-parents surtout)
« Disposer des licences de personnages ayant un fort taux de popularité est un grand plus. C’est le cas ici puisque nous disposons de plusieurs licences Dupuis« , raconte Daniel Bulliard. « Spirou a été choisi parce qu’il regroupe, via le journal de Spirou, tous les héros de la bande dessinée, il a une notoriété très forte… Les enfants ne le connaissent pas forcément c’est vrai, mais ceux qui les emmèneront, si. Ce sera à nous de le faire découvrir aux enfants. Notre but est de devenir un parc familial« .
Et avec Spirou ça devrait quand même mieux marcher que Gargantua: le personnage de Rabelais, symbole de Mirapolis, n’avait pas empêche le parc de Cergy-Pontoise de fermer après quatre ans d’existence. Et puis Spirou n’est pas le seul: le parc compte aussi comme personnages Lucky Luke, Gaston Lagaffe, le Marsupilami, et pourrait bien dans les prochaines années, accueillir d’autres figures de l’écurie Media Participations (actionnaire du parc) comme XIII, Blake et Mortimer ou Yakari.
Bien cibler son public
« Comme nous visons une cible familiale, il n’y a pas d’attractions à sensations extrêmes dans le parc« , détaille Daniel Bulliard, « mais il n’y aura pas que des attractions mécaniques, nous avons aussi misé sur des simulateurs numériques, dans l’univers de Gaston et de la série Zombillenium. C’est un travail énorme. Un film 3D de cette nature demande environ 25 000 heures de travail« . Et ce film ne risque pas de créer la polémique contrairement à Captain Eo avec Michael Jackson, que diffusait Disneyland Paris, et qui a dû être déprogrammé, peu après les accusations de pédophilie contre le « roi de la pop » dans les années 90.
Respecter les droits d’auteur
Ouvert en 1986 en Chine, le Beijing Shijingshan Amusement Park ne s’est pas embarrassé des droits de licence: les personnages de Mickey, Shrek, Bugs Bunny, Donald Duck et Betty Boop, pour ne citer qu’eux, figuraient dans le parc, sans qu’aucun accord n’ait été conclu avec les ayants droit. Forcément les juristes de Disney ont fini par s’y intéresser… Dans le parc Spirou, c’est l’inverse, assure Daniel Bulliard: « Pas une couleur de costume, pas un personnage, pas une décoration n’a été créée sans avoir d’abord été validée par Mediatoon, qui fait suivre les demandes aux ayant-droit« . Une précaution salutaire quand on se souvient des réactions lors de la sortie du film Gaston Lagaffe. La fille de Franquin notamment avait alors regretté ne pas avoir le « pouvoir d’empêcher ce film, même si les acteurs sont mal dirigés, le scénario débile et le rythme des gags catastrophique »...
Un investissement mesuré
A la fin des années 80, de nombreux de projets de parc d’attraction ont vu le jour (Mirapolis à Cergy-Pontoise (1987), Zygofolis à Nice (1989), La Planète magique (1989) le parc océanique Cousteau à Paris (1989), ont capoté. Pour Daniel Bulliard, ces échecs ont souvent eu un facteur commun: des investissements démesurés: « C’est une question qui doit être très contrôlée, il faut faire attention aux frais de fonctionnement, à ce que les temps d’ouverture ne soient pas trop longs, que le staff ne soit pas trop nombreux… Avant ces paramètres n’étaient pas bien connus et ça a causé le perte de ces projets. Pour le parc Spirou, on a tenu un budget raisonnable: 40 millions d’euros d’investissement pour le lancement, dont 4 millions pour le foncier. Et on vise 300 000 visites pour la première année« . Une somme à comparer avec les 106 millions d’euros investis dans Mirapolis pour ses 4 ans d’existence.
Un développement progressif
Le jour de son ouverture, le 21 mai 1987, Mirapolis compte 29 attractions, disséminées sur un site de plus de 40 hectares… Un gigantisme qui lui sera fatal. Pour le parc Spirou, Daniel Bulliard préfère une croissance progressive: « il fait actuellement 4,5 hectares pour 12 attractions, nous prévoyons d’inaugurer une ou deux nouvelle attractions chaque année; d’ici dix ans, le parc devrait avoir doublé de taille« . Selon lui, si tant de parcs ont dû fermer au début des années 90, c’est à cause de mauvais rapports d’étude: « des études de marché, qui avaient en fait été des copié-collés de celles réalisées par les Américains, montraient que le marché français était mûr pour les parcs d’attraction… Mais de nombreux critères n’étaient pas présents en France. Les Américains par exemple ont très peu de congés, donc quand ils vont dans un parc, ils logent à l’hôtel, et dépensent pour l’occasion le budget annuel des vacances… En France, les Parisiens vont passer une journée en RER chez EuroDisney, ce n’est pas comparable ».
Parc Spirou, 1 rue Jean-Henri Fabre 84170 Monteux. Ouverture le 16 juin.
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