Il a décroché le bronze à Rio, dans la catégorie des welters (moins de 69 kilos). Il a surtout, avec la Team solide, montré la plus belle image du sport français, loin de tout individualisme.
Les Jeux
Ça a été une année fabuleuse pour la boxe en France, pour la Team solide et moi-même. Le nom de Team solide vient de Christian M’Billi-Assomo, un membre de l’équipe olympique de boxe. C’est quelqu’un de très généreux sur le ring, qui ne lâchait jamais. Solide ! C’est cet état d’esprit qui nous a conduits durant les Jeux olympiques de Rio. Tout s’est fait de façon naturelle, on n’a pas récité de leçon devant les caméras, personne ne nous a briefés. Nous étions soudés.
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https://www.youtube.com/watch?v=gkkpeic4x8Y
Ce qu’on a fait à petite échelle, on veut le reproduire au niveau national. On a reçu des messages de tous les horizons. Même de membres du Front national ! Ils ont été touchés par nos mots. On voulait montrer une France unie dans cette période difficile que nous traversons, où le pays est frappé par les attentats.
L’engouement durant les Jeux a été unanime, quelles que soient la couleur politique, la position sociale ou la religion ! L’union, c’est ce qui fait la magie du sport. Quand nous sommes revenus des Jeux, François Hollande nous a reçus à l’Elysée. Il a parlé de nous dans son discours devant tous les athlètes français. Qu’il retienne nos noms, nous encourage, c’est top. Une fierté pour ma famille et moi.
Le noble art
La boxe est de nouveau respectée. Il y avait beaucoup de stéréotypes et d’idées reçues autour de notre discipline. On a dit que c’était un sport violent, réservé aux seuls jeunes de banlieue ou, pire, aux “racailles”… C’est vrai qu’on y retrouve beaucoup de gens issus de milieux populaires mais c’est en
train de changer.
“Aujourd’hui, même les politiques se mettent à la boxe !”
On a réussi à donner une autre image de la boxe. Les cadres supérieurs s’y mettent, les femmes aussi. On a brisé les idées reçues, on a redoré le blason de la discipline. A l’origine, elle était pratiquée par les nobles, qui l’ont appelée le “noble art”. Ils se rencontraient en duel pour montrer qu’ils étaient solides, au-delà d’être des aristocrates. Aujourd’hui, même les politiques se mettent à la boxe ! Le nombre de licenciés augmente ! On peut être boxeur et ingénieur ou chef d’entreprise.
En dehors du ring
En parallèle, je prépare un master à la Sorbonne en droit et économie du sport. Le sport de haut niveau c’est bien, mais il faut penser à sa reconversion. Je suis également vice-président de l’association Secteur sport éducation, créée en 2011.
On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de jeunes sportifs dans certains quartiers défavorisés qui pouvaient vite dévier vers le chemin de l’argent facile. On a voulu leur montrer qu’on pouvait s’en sortir et les remettre sur le chemin des études, grâce au sport et aux valeurs qu’il inculque.
Pour cela, nous multiplions les interventions : soutien scolaire, en France et au Sénégal, mise en place de camps d’entraînement, de sorties culturelles pour qu’ils ne restent pas entre eux, enfermés dans leur quartier. Le sport peut briser les barrières.
A Rio, à chaque fois que je m’apprêtais à monter sur le ring, une petite musique résonnait dans ma tête : celle d’une vidéo que l’on m’a envoyée, où des jeunes du quartier populaire de la Médina à Dakar scandent mon nom. Et je me disais : “Pense à ces jeunes-là !” Ça m’a donné la force et l’envie de gagner, de ne rien lâcher.
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