Suite aux annonces de François Hollande lors de ses vœux, nous avons demandé leurs avis à Julien Bayou et Isabelle Delannoy,
Nicolas Hulot était vendredi la première personne de l’année à s’entretenir avec le Président de la République. Alors que la conférence internationale sur le climat se tiendra à Paris en décembre 2015, l’environnement est au cœur de toutes les préoccupations politiques. Même le Front National semble l’avoir compris et a annoncé le 10 décembre la création de son nouveau « Collectif Nouvelle Ecologie« .
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Lors de ses vœux, François Hollande a donc insisté sur le caractère « essentiel pour la planète » des douze mois qui arrivent, en proposant la rédaction d’une « déclaration des droits de l’humanité » pour mieux la « préserver« , qui serait signée par tous les grands dirigeants mondiaux.
Pourtant, l’échec de l’écotaxe, la catastrophe autour du barrage Sivens, le flou de la politique menée par Ségolène Royal, ou encore la débâcle suscitée par la proposition d’enfouissement des déchets radioactifs dans la Loi Macron, sont autant de cafouillages qui pourraient faire douter d’une réelle évolution à venir. Julien Bayou, porte-parole d’Europe Ecologie les Verts, préfère l’optimisme :
« Il y a trois mois, nous n’aurions pas forcément pu croire qu’il y avait des raisons d’espérer. Mais depuis, beaucoup de choses positives se sont passées : une vraie mobilisation mondiale en septembre, l’accord entre la Chine et les USA sur la réduction des gaz à effet de serre, ou encore l’évocation du climat au dernier G20. »
Une année législative chargée et porteuse d’enjeux importants
Il rappelle que le calendrier est aussi chargé cette année au niveau national : les lois sur la transition écologique, sur la biodiversité, ainsi que celle sur la santé sont porteuses d’enjeux importants. Les conflits autour de plusieurs grands chantiers comme celui de Notre Dame des Landes, du barrage Sivens, du Center Parc de Chambaran, etc seront également au cœur de l’actualité.
« On sent une vraie envie de lutter pour le bien commun chez les citoyens. Cette mobilisation est nécessaire. Il y a des grandes échéances qui arrivent, c’est vrai. Mais entre temps, on ne doit pas attendre les bras croisés. Pour être efficace dans la diplomatie internationale il faut être exemplaire, et pour l’instant ce n’est pas le cas. Les premières propositions nationales de contributions de tous les pays en amont de la conférence internationale pour le climat seront rendues au plus tard en juin. La France a moins d’un an pour se mettre en cohérence. Je pense que François Hollande a compris que c’est dans l’intérêt de son mandat d’agir en conséquence, même si c’est purement politique de sa part, on ne va pas s’en plaindre. » explique-t-il.
« François Hollande est obligé de se convertir à l’écologie »
Isabelle Delannoy est environnementaliste, fondatrice de « Do Green » et de « Good save the Green ». Elle aussi pense que le Président est un peu « obligé » de mettre l’accent sur l’écologie. « En proposant que la conférence se déroule à Paris, il a pris une certaine responsabilité. Le thème de celle de 2009 à Copenhague était l’espoir, celui de cette année sera les solutions, c’est là-dessus que l’accent sera mis. » Annonce-t-elle.
Mais depuis que ce sommet mondial a été créé il y a vingt ans, les promesses obtenues des dirigeants internationaux sont faibles, et suscitent surtout de la désillusion chez les citoyens. Les accords passés de justesse à Lima il y a un mois sont ainsi considérés comme « médiocres« par Green Peace France. Pour Isabelle Delannoy, cette année : « Paris et la France vont vraiment battre au rythme du climat« , mais pas grâce au gouvernement :
« Du point de vue politique, il n’y a plus beaucoup de pouvoir pour agir aujourd’hui à l’échelle nationale. C’est surtout l’Union Européenne qui en a les moyens. Or la commission a annoncé des coupes dans le budget destiné a ralentir la pollution de l’air. Quant au traité Nord Atlantique TAFTA, il va mettre en place une véritable guerre économique qui ne sera pas favorable aux initiatives écologiques locales. Car c’est bien de là qu’il faut attendre les solutions : les entrepreneurs, les citoyens et les élus locaux sont en train d’inventer de nouveaux modèles. »
Le changement passera peut-être par le terrain local
Alors que les chefs d’Etats rechignent à faire le maximum pour améliorer la situation, plusieurs décisions prises à plus petite échelle vont en effet dans le bon sens. L’Australie, où s’est tenu le dernier G20 est un bon exemple. Si au niveau fédéral la taxe sur l’émission des gaz à effet de serre a été annulée en juillet, à Melbourne, depuis deux ans maintenant, 10 000 citoyens ont répondu présents à l’appel de la municipalité en mettant en place des jardins de récupérations de l’eau de pluie chez eux.
De même à Lyon, Montbéliard et en Seine Saint Denis où ce concept, appliqué à des espaces verts publics, a permis aux villes de faire des économies sur leur budget de gestion de l’eau. Les actions de ce type sont nombreuses et montrent une réelle envie de la part des acteurs régionaux d’agir pour la planète. « L’organisation de la conférence de décembre est un moyen, entre autres, de faire connaître ces projets et leurs résultats. Cela permettra de cristalliser ce qui existe déjà, de donner la parole aux personnes qui agissent. En cela c’est positif et nécessaire » conclut Isabelle Delannoy.
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