Jean-Claude Ameisen, médecin chercheur de sens. En mars, l’épidémie de grippe A a démarré. Lui compte les morts du sida et de pneumonie dans les pays pauvres : 10 000 par jour.
Bio Express JEAN CLAUDE AMEISEN est professeur d’immunologie à l’université Paris-Diderot, président du comité d’éthique de l’Inserm et membre du Comité consultatif national d’éthique.
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“Etre vivant, dit Philip Roth, c’est être fait de mémoire.” 2009 aura été, pour partie, une année de remémoration. Il y a cent cinquante ans débutait une révolution scientifique : l’ensemble de l’univers devenait émergence, transformations, métamorphoses, évolution. De ce récit nouveau naîtra une mémoire nouvelle, qui fait de nous les parents des étoiles, des oiseaux, des arbres, des fleurs, et une vision nouvelle d’un avenir ouvert.
Décembre 2009. Le sommet de Copenhague. Comment éviter de provoquer des catastrophes ? Comment rendre notre développement durable ? “Nous ne pouvons résoudre les problèmes avec la façon de penser qui les a causés”, disait Einstein. Mais avons-nous changé ? En mars, une pandémie grippale émerge. 9 600 morts dans le monde. L’an dernier dans les pays pauvres : deux millions d’enfants de moins de 5 ans morts de pneumonies, 2 millions de personnes mortes de sida : 10 000 morts chaque jour de deux maladies curables. Autant chaque jour que par la pandémie grippale en près d’un an.
Que peut signifier un développement durable, s’il n’est pas d’abord un développement équitable ? En 2009, un milliard de personnes malades ou mourant de faim. Il ne s’agit pas que d’un problème de ressources naturelles. Amartya Sen (prix Nobel d’économie 1998 – ndlr) a montré que les famines avaient le plus souvent pour cause non pas une insuffisance de nourriture mais une absence de partage, de droits, de démocratie. Violations des droits dans tant de régions du monde dont témoignent aussi les massacres, les tortures…
“Qu’est-ce qui devrait nous tenir éveillés la nuit ?” demande Amartya Sen. Les tragédies que nous pouvons empêcher. Les injustices que nous pouvons réparer, de par le monde et tout près de nous : le dénuement des personnes sans domicile, des personnes atteintes de handicap mental, des personnes âgées, des personnes atteintes de maladie psychiatrique, abandonnées dans la rue ou enfermées en prison. “Aucun être humain n’est une île, entier à lui seul ; chaque être humain est une partie du Continent”, écrivait John Donne. Rêvons que l’année qui vient soit celle où lorsque nous dirons nous, ce sera un nous qui n’exclut aucun autre, où chacun est une partie du Continent, de notre commune humanité
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