A l’occasion de ses 20 ans, la marque culte Bandai réédite ces petits objets au Japon. En attendant une arrivée en France, rencontre avec les fans d’hier et d’aujourd’hui.
Qui n’a jamais joué avec ces petits jouets à l’allure d’œufs colorés ? Bleu, rouge, jaune, multicolores ou encore à pois, chacun avait le sien. En 1996, le premier Tamagotchi (une contraction des termes “œufs”[卵, tamago] et “montre” [ウォッチ, wotchi]) apparaît. Et le phénomène ne tarde pas à envahir la France dès l’année suivante. Le but ? S’occuper d’un animal de compagnie virtuel, de sa naissance jusqu’à son (trop fréquent) décès. 40 millions de compagnons virtuels se vendront finalement l’année de sa sortie.
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Et la mode du rétro-gaming n’a pas tardé à faire resurgir la nostalgie. Seul problème, le prix. En effet, sur la boutique officielle, le tamagotchi vintage le moins cher est à 68 €, le plus cher pouvant atteindre 108 €. Bandai a bien compris la situation, et a choisi de rééditer six sortes d’œufs différents pour la somme de 12 € (1 500 yens)… au Japon. Pour ceux qui ne comptent pas s’y rendre dans les semaines à venir, il reste toujours l’Amazon japonais, où les Tamagotchi sont vendus pour 17 € (2 000 yens).
http://www.youtube.com/watch?v=YV_24hXdbOU
Une icône de sa génération
Un fait semble évident : la génération 1990 a bel et bien été imprégnée par le jeu. Jaurdaine, étudiante infirmière, le décrit ainsi : “Un petit œuf qui a marqué une époque ou le bluetooth a fait son apparition ! Le format était idéal, on pouvait le personnaliser… C’était peut-être le début de Pokémon go. Tout le monde se l’arrachait et se connectait à la récréation !”
Livia, étudiante de 23 ans en édition, se souvient quant à elle de son premier Tamagotchi avec nostalgie :
“Il était bleu, j’avais tanné ma maman pour en avoir un mais elle ne voulait pas. Un jour mon voisin est venu jouer à la maison et l’a oublié, j’ai mis une semaine à le lui rendre parce que je voulais le garder. Quand ma mère s’en est rendu compte, elle m’en a acheté un.”
Elle poursuit :
“Ce que j’aimais par dessus tout, c’était la forme qu’ils pouvaient prendre en grandissant, quand tu leur achetais des jouets et quand tu leur faisais prendre des défis. C’est bête mais je me sentais presque responsable de ces choses-là, j’aimais vraiment pouvoir m’en occuper !”
Margot, 22 ans, ajoute : “Le mien était bleu, elle s’appelait Ève, c’était la petite boule tout basique et j’adorais les mini jeu. J’étais toujours impatiente qu’elle grandisse pour pouvoir me connecter avec ma sœur et avoir un œuf, pour avoir un autre Tamagotchi. J’étais vraiment à fond dedans et je me rappelle que j’étais très envieuse d’une de mes cousines qui en avait 3, ses parents lui en achetait un nouveau dès qu’il sortait”.
Parmi ces fans, on dénombre également certains originaux, qui ont connu les éditions spéciales de Tamagotchi. C’est le cas de Vincent, 28 ans, ancien détenteur du Tamagotchi Pikatchu, créé spécialement à l’occasion de la sortie du jeu Pokémon :
“Il fallait l’accrocher à sa poche de pantalon et lorsque l’on marchait les capteurs comptabilisait les pas et faisait marcher Pikachu en même temps. On était le genre d’enfant que tu vois courir sans but. Il fallait aussi le nourrir et le faire courir. On demandait l’autorisation à nos parents pour sortir et on courait de droite à gauche à fond la caisse comme des guignols. Le souci c’est qu’il mourait quand même, donc il fallait recommencer à zéro, ce qui signifie se remettre à courir comme un idiot partout dans la ville…”
Provoquant parfois certains questionnements :
“Des gens nous demandait ‘mais pourquoi vous courez comme ça?’et nous, on avait une réponse digne d’une pub télé : on décrochait le Tamagotchi de notre poche, on le montrait bras tendu et on disait tous en même temps ‘ON ENTRAÎNE NOTRE PIKACHU’. Et on repartait courir.”
Le temps des frustrations
Malheureusement, avec un Tamagotchi, la vie n’est pas toujours rose. Et plusieurs passionnés se rappellent encore de leurs péripéties :
Margot se souvient avoir dû partager son premier Tamagotchi avec sa petite sœur, créant parfois de belles histoires : “On se disputait tout le temps pour savoir qui allait l’utiliser. Mes parents ont fini par en acheter un autre. Après je me rappelle aussi un truc tout bête, mais le nombre de fois où j’oubliais d’éteindre le son avant d’aller dormir et où il sonnait la nuit, alors je me réveillais et je m’en occupais. Un soir je me suis fait disputer et du coup… j’ai été privée de Tamagotchi.” “Mais ma seule peur c’était qu’il meure !” s’exclame t-elle en conclusion.
Juliette, 22 ans également, se souvient d’une journée particulièrement traumatisante lors de ses années de primaire :
“En CM1, on m’a volé mon Tamagotchi dans mon sac en cours de sport. Il était rose pâle et super rare, j’ai pleuré pendant des heures. J’ai directement soupçonné une fille de ma classe qui avait des antécédents de voleuse… Au début je l’ai accusée sans avoir de preuves, et puis un jour, presque un mois plus tard, elle est revenue à l’école avec le même Tamagotchi ! J’ai tout de suite su que c’était le mien : il avait la même rayure, au même endroit. Je ne croyais pas à une coïncidence, alors je l’ai tannée toute la journée pour la convaincre de me le rendre. Au final, elle me l’a donné, et je ne l’ai quasi pas utilisé, car entre-temps j’en avais déjà racheté un autre…”
Les tueurs de Tamagotchi
Après les frustrations et les pleurs viennent également des cas heureusement plus rares, les sadiques des Tamagotchi. Leur passion première ? Tuer ces petits animaux.
Fiona, étudiante en information-communication de 25 ans, se rappelle : “J’adorais le faire mourir. Quand je n’arrivais pas à faire ce que je voulais, je le réinitialisais. Il suffisait d’appuyer sur un bouton à l’arrière avec un objet pointu.”
Adèle, également en information-communication, partageait la même passion :
“Je me souviens que mes amis et moi on adorait le faire souffrir. Du coup on le laissait dans son « caca » avant de tout nettoyer. Quand il faisait ses besoins tu devais tirer la chasse, et nous on le laissait volontairement faire ses besoins à plusieurs reprises pour qu’il reste dadans. C’est pas très glamour comme anecdote… mais c’est véridique !”
Un jeu pour les éternels enfants ?
Mais la génération 90 n’est pas la seule à être concernée. La preuve en est avec Louis, 34 ans, qui rallume encore son Tamagotchi plusieurs fois par an :
“Nous étions très nombreux à être accro à ça, les profs n’en pouvaient plus. L’un d’eux nous avait même demandé de changer l’heure des Tamagotchi pour les mettre en sommeil pendant son cours. Dès que je réactive celui que j’ai retrouvé je replonge dedans. Ça m’amuse toujours autant et ça a ce goût de l’enfance que tu peux retrouver en mangeant un gâteau au yaourt.”
Avant de conclure :
“Clairement avec la vie aujourd’hui c’est toujours bon de se replonger dans l’insouciance de cette époque…”
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