Ce nouveau label entièrement à base de matières recyclées utilise des codes pop et 3.0 pour parler d’écologie à la Génération Z. Et pas que.
A l’occasion de la grève mondiale pour le climat, Les Inrocks sont partis à la recherche de jeunes idéalistes qui apportent une réflexion personnelle et singulière à l’engagement éthique.
« La mode, c’est un moyen de s’exprimer et si on peut le faire sans niquer la planète c’est encore plus cool ». Voilà la devise de Rubi et Yasmin Pigeon, deux sœurs jumelles de 21 ans qui viennent de lancer le label Rusmin. Cette première collection capsule est entièrement à base de matériaux « upcyclés » auxquels elle donne une deuxième vie. Aujourd’hui, elles sont en train de penser un développement de Rusmin en média, dans lequel elles communiqueraient autour de la prise de conscience autour de la mode. Rencontre.
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Quels sont vos parcours?
Rubi – Née d’une maman brésilienne et d’un papa français les deux travaillant dans le monde de la nuit (ils sont les fondateurs de la Favela Chic), on a grandi à Paris dans le XIe en apprenant le portugais en même temps que le Français. On a déménagé à Londres (Hackney) une première fois à 9 ans pendant 8 mois où on a appris l’anglais super vite. Nous sommes ensuite rentrées à Paris où on est allées au collège Victor Hugo dans le Marais puis on est revenues à Londres suivre mes parents pour des raisons professionnelles. Là-bas on était dans un lycée anglais (Stoke Newington School, orienté vers les arts). A 15 ans, tu choisis les matières que tu veux passer pour le bac donc moi j’ai pris Textile Art et Business et Yasmin a choisi Photographie psychologie et théâtre. En même temps à 15 ans on a ouvert un compte sur Depok, une application pour vendre des vêtements ou objets de seconde mains ou on vendait des vêtements et d’autres choses qu’on upcyclait. Puis, en 2017, on a fait une année de prépa car c’était gratuit avant 19 ans. C’était un cursus de marketing de mode et on a décidé pour notre projet de fin d’année de faire un fanzine Rusmin. Après ça Yasmin a eu l’opportunité d’aller filmer les ‘behind the scenes’ de la tournée américaine d’une amie (Ama Lou) qui faisait les premières parties de Jorja Smith. Pendant ce temps, je suis rentrée en France pour intégrer la Casa 93, école engagée que je connaissais déjà du Brésil. J’ai continué des boulots dans la mode et j’ai créé mes fringues mais en laissant Rusmin en stand by pour me concentrer sur mon année à la Casa. À la fin de l’année à la Casa 93, je me suis rendue compte de mes capacités dans ce domaine et j’ai intégré le programme entrepreneur de l’IFM pour structure Rusmin et commencer l’aventure sérieusement avec Yasmin.
Quel a été votre déclic environnemental?
Rubi – C’est pas vraiment un déclic, c’est plus évidence. On est la génération qui va subir les conséquences d’une succession d’année d’ignorance. Nous, on veut des enfants mais pas dans un monde qui continue à consommer comme il le fait aujourd’hui. On voulait faire une marque de vêtement parce qu’on avait des idées à faire passer mais produire de nouveaux t-shirts ne nous intéressait pas, on aime la créativité qu’oblige la ‘contrainte’ de faire avec ce qu’on a, ce qui est largement suffisant.
Pourquoi passer par la mode?
Yasmin – Parce que quelque part on est tous concernés. C’est illégal d’être nu dehors donc y’a un moment ou on choisit de porter certains habits qu’on a acheté dans certains endroits avec notre argent. Aujourd’hui on veut juste se réapproprier un mode consommation plus sain en se remettant en question : pourquoi on achète, où, et surtout est-ce qu’on est conscients du réel l’impact que l’on a juste en achetant un t-shirt à 4€99.
Que symbolise l’upcycling pour vous? Ce serait un antidote à quoi, à quels comportements?
Yasmin – L’upcycling c’est une éducation, c’est une façon de voir les choses, se débrouiller avec ce qu’on a. Ce serait donc un antidote à la fast fashion, à la sur-consommation.
Vous parlez de self-love, il y a t-il une dimension spirituelle à votre approche?
Rubi – Ca peut être spirituel dans le sens où pour nous c’est comme une croyance, quelque chose auquel nous croyons presque religieusement. Promouvoir le self-love c’est promouvoir la paix. Selon moi, tout individu qui s’aime et qui n’a pas de problème avec soi-même n’a pas de soucis avec les autres et donc laisse chacun tranquille. Le problème c’est que les gens ont peur de s’exprimer, d’être eux mêmes donc on est tous des moutons malheureux et insatisfaits qui courent après la tendance et les réseaux sociaux pour se contenter mais c’est un cercle vicieux. Notre vision peut sembler utopique mais elle est encourageante et me pousse à vouloir faire davantage.
Quel business model avez-vous mis en place pour que ce soit éthique et respectueux sur toute la ligne?
Yasmin – Aujourd’hui on reprend les ‘déchets’ vestimentaires des gens qui nous entourent (amis, famille, abonnés, connaissance etc) et on refait d’autres vêtements avec. Nous sommes toujours en recherche d’un fournisseur de fripes pour avoir des vêtements de manière plus régulière et agrandir Rusmin. Ensuite on envoie les vêtements dans un packaging fait avec les sacs plastiques qui nous ont servi pour nos débuts sur Depop, (toujours dans cette idée de réutilisation) et dans l’absolu nous cherchons un packaging plus écologique pour nos colis.
www.rusmin.fr
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