Disparu il y a douze ans, Elliott Smith avait offert au monde, juste avant de le quitter, l’album « Figure 8 », qui sera joué à Bourges par des musiciens classiques ainsi que Jason Lytle, Ken Stringfellow et Troy Von Balthazar. Rencontre.
Le Printemps de Bourges accueille la première date de The Color Bars Experience. Soit un concert-hommage à Elliott Smith, organisé pour ressusciter son ultime album Figure 8 paru il y a quinze ans. Pour cela, un casting en or est prévu : onze musiciens classiques et, côté micro, Jason Lytle de Grandaddy, Ken Stringfellow (The Posies, R.E.M.) et Troy Von Balthazar. Les trois musiciens évoquent ce projet.
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Qu’est-ce que The Color Bars Experience ?
Ken Stringfellow – C’est un hommage musical à Elliott Smith, une recréation de son dernier album. La musique a été arrangée pour un ensemble classique. Les chansons sont chantées par trois chanteurs différents : Troy Von Balthazar, Jason Lytle et moi-même.
Troy Von Balthazar – C’est un groupe constitué de onze musiciens qui se sont réunis pour honorer et jouer la musique d’Elliott Smith. Il y a des violons, du violoncelle, de la basse, de la flûte, du basson, de la guitare électrique, des percussions, des batteries.
Quelle était votre relation avec Elliott Smith ?
Troy – Je faisais partie de la même scène musicale de Los Angeles que lui. On s’est croisés plusieurs fois, on a parlé de musique.
Jason Lytle – Nous étions amis et nous admirions chacun la musique de l’autre. Nous avons aussi fait des tournées ensemble.
Ken – Avec les Posies, on connaissait la musique d’Heatmiser (l’ancien groupe d’Elliott Smith – ndlr), on les aimait bien. La manager d’Elliott nous a même dégoté un contrat d’édition chez BMG pour les Posies. On a joué avec lui plusieurs fois. La dernière fois que je l’ai vu, c’était dans un club à Los Angeles. Je l’ai croisé au bar. Il était vraiment défoncé. Mais il m’a reconnu, m’a demandé ce que je devenais et m’a dit qu’il avait beaucoup de respect pour mon travail.
Qu’est-ce que vous admiriez le plus dans son travail ?
Troy – Son jeu de guitare et ses talents de musicien. Je pense aussi que la musique qu’il aurait composée par la suite aurait encore continué de s’améliorer. Les chansons qu’il n’a pas écrites me manquent.
Jason – La beauté sans artifice de son travail. Ce qui le rendait unique, c’était aussi bien sa voix que sa capacité à composer une très belle musique qui évoquait pourtant des réalités assez laides.
Ken – Son implication totale dans son travail : il était tellement précis, tellement soigné, malgré le chaos dans sa vie personnelle. Pour autant, son travail n’est pas purement intellectuel : c’est aussi une œuvre très touchante, très émouvante, chanson après chanson.
Qu’aimez-vous particulièrement dans son album Figure 8 ?
Jason – Le fait qu’un rockeur punk, qu’un marginal, ait fait un disque aussi beau.
Ken Stringfellow – Rétrospectivement, j’ai l’impression que ce disque est le début de la fin. Il se termine même sur le morceau Bye. Ce n’est pas aussi brillant, pas aussi verni que XO. C’est un disque qui contient des moments musicaux d’une sophistication époustouflante, et en même temps qui reste extrêmement touchant.
Quelle est votre chanson préférée sur ce disque ?
Jason – Can’t Make a Sound. Elle me donne la chair de poule.
Troy – J’aime Stupidity Tries.
Ken – Stupidity Tries. Musicalement, ce pourrait être du Cole Porter. J’aurais voulu écrire toutes les paroles de cette chanson : j’adore cette façon de raconter la défaite, de manière ironique et en seulement quelques mots.
Concerts le 29 avril au Printemps de Bourges, le 2 mai à Paris (Maison de la Radio), pour une diffusion le 4 mai dans l’émission Label Pop à 22 h 30 sur France Musique
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