Siné vient de signer un édito sur le site de « Siné Mensuel » dans lequel il revient sur sa lecture du livre de Charb. Il y regrette son obsession pour l’islam, mais fait l’éloge du dessinateur.
Tous leurs proches s’accordent à le dire: Charb et Siné entretenaient une relation quasi-filiale. Le jeune dessinateur assassiné le 7 janvier appelait le vétéran de Charlie Hebdo « Tonton », passait régulièrement le nouvel an chez lui,… Bref, ils étaient bons amis. Jusqu’à ce que Siné soit viré de Charlie Hebdo par Philippe Val en 2008, suite à une chronique jugée antisémite… Sans que Charb ne prenne son parti. Pire, il cosigna un texte qui justifiait son éviction. La rupture était consommée ; l’incompréhension, abyssale.
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Sentiments ambivalents
La « mini zone » de Siné, publiée ce 22 avril sur le site de Siné Mensuel, est empreinte de ces sentiments ambivalents. Elle porte sur le livre posthume de Charb, Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes (éd. Les Echappés). Siné l’a lu, et il « reste sur [sa] faim » :
« Faim de quoi ? J’en sais trop rien … mais je n’ai rien appris sur lui, ni sur sa mahométophobie. Et c’est pourtant bien cette obsession, cette idée fixe, cette obsédante bête noire, qui a fini par lui coûter la vie, estime-t-il.
Dans la même veine que Delfeil de Ton, lui aussi chroniqueur dans Siné Hebdo, qui avait mis les pieds dans le plat dans L’Obs le 14 janvier en attribuant une partie de la responsabilité de l’attentat à Charb – Siné critique l’« obsession » de l’islam chez Charb.
« Charlie ne s’en remettra pas »
S’il lui en veut, c’est cependant avec affection. Le dessinateur octogénaire estime en effet que Charb était doué d’un talent remarquable, dont Charlie Hebdo aura du mal à se passer :
« Charb était, sans nul doute, l’un des meilleurs dessinateurs humoristes contemporains. […] Ses unes étaient toujours excellentes et toujours bien meilleures que celles de ses confrères. Charlie ne s’en remettra jamais, je suis prêt à prendre les paris.
Cette funeste prophétie est-elle motivée par l’amertume que Siné nourrit à l’égard de Charlie Hebdo, qu’il affirme ne plus acheter depuis 2008 ?
Quoi qu’il en soit, Siné insiste bien sur un point : « Bien que ses fixettes restent, pour moi, impénétrables, il va vachement me manquer ! C’était un mec rare ! »
Dans la seule interview qu’il accorda – à Paris Match – après l’attentat, Siné avait déjà fait part de son admiration pour les dessins de Charb :
« J’avais passé de super bons moments avec lui avant qu’on se brouille. On se marrait bien. En plus, je continuais à adorer ses dessins. C’était le meilleur de sa génération. Je l’appelais mon neveu mais en fait je le considérais un peu comme mon fils spirituel. »
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