Ce vendredi, deux centenaires sont commémorés dans le Caucase. En Arménie, on se recueille à l’occasion des cent ans du génocide, qui a commencé le 24 avril 1915 par la rafle des intellectuels arméniens, ordonnée par le ministre de l’Intérieur turc. En Turquie, on célèbre les cent ans de la batailles des Dardanelles, où l’armée ottomane […]
Ce vendredi, deux centenaires sont commémorés dans le Caucase. En Arménie, on se recueille à l’occasion des cent ans du génocide, qui a commencé le 24 avril 1915 par la rafle des intellectuels arméniens, ordonnée par le ministre de l’Intérieur turc. En Turquie, on célèbre les cent ans de la batailles des Dardanelles, où l’armée ottomane a défait les Alliés britanniques, français, australiens et néo-zélandais.
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Habituellement la bataille des Dardanelles (ou de Gallipoli, voire de Çanakkale, selon les usages) est commémorée le 25 avril. C’est à cette date, en 1915, qu’a commencé la campagne de l’armée ottomane.
Dans une tentative présumée de minorer les commémorations du génocide arménien dans le pays voisin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a donc choisi de déplacer d’une journée les célébrations militaires. La fête de la bataille des Dardanelles a donc lieu ce vendredi 24 avril alors qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande, où il s’agit de la principale fête militaire, les commémorations auront lieu demain, comme d’habitude.
Samuel Sahagian, pasteur réformiste et fondateur de la la SPFA (Solidarité Protestante Franco-Arménienne), qualifie de « scandale » l’avancement d’une journée du centenaire de la bataille des Dardanelles. « Ils ont clairement voulu saboter le centenaire du génocide arménien. »
Une invitation « de mauvais goût » au président arménien
Erdogan s’est même fendu d’une invitation à son homologue arménien Serge Sarkissian. « Tout comme on n’appelle pas une maison endeuillée pour dire ‘Ce soir, on fait une fête, on vous y attend’, on n’envoie pas un courrier en Arménie pour dire ‘Venez à Çanakkale’. C’est tout simplement une blague de mauvais goût », a ainsi écrit le journal turc Millyet comme le rapporte le site franco-turque Zaman.
Serge Sarkissian a répondu à l’invitation de Recep Tayyip Erdogan de manière lapidaire :
« Excellence, vous aviez déjà été invité à Erevan ce 24 avril pour rendre hommage aux victimes innocentes du génocide arménien. Nous n’avons pas pour habitude, chez nous, de se rendre chez des hôtes qui n’ont pas daigné répondre à notre propre invitation »
Le chevauchement des deux centenaires a aussi entraîné une concurrence dans la course aux invitations de chefs d’Etat. Recep Tayyip Erdogan avait sollicité une centaine de dirigeants internationaux. Au final, le prince Charles, le prince Harry et les présidents australien et néo-zélandais sont les principaux invités. Vladimir Poutine et François Hollande se sont rendus rendus à Erevan (Arménie), tandis que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a fait, lui, le voyage en Turquie. Concurrence sur Twitter
Mais cette concurrence de centenaires ne s’est pas arrêtée sur le terrain politique, puisqu’elle est allée jusqu’à s’étendre sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, on pouvait ainsi voir en Trending Topics le hashtag #Gallipoli100 financé par Turkey Home, qui assure la promotion touristique de la Turquie. Plusieurs utilisateurs, dont certains politiques, comme Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône, se sont émus de la présence de ce hashtag :
consternant ce #24 avril ! Le #négationnisme s’immisce sur tweeter avec la tendance #Gallipoli100 #genocide1915 pic.twitter.com/oTGBpgzSaJ
— Valérie Boyer ن (@valerieboyer13) 24 Avril 2015
Cette manoeuvre de Recep Tayyip Erdogan intervient pourtant un an après un léger réchauffement des relations entre la Turquie et l’Arménie. Pour la première fois l’an dernier, le président turc avait adressé ses condoléances aux descendants des Arméniens tués lors des « évènements« . A travers la Turquie, des commémorations du centenaire du génocide arménien ont tout de même lieu, notamment sur la place Taksim d’Istanbul.
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