Le principal adversaire de la future candidate démocrate à la présidentielle américaine 2016, ne sera pas le parti républicain, mais son propre camp. Voire son mari.
Hillary Clinton est depuis quelques jours lancée dans la course à la Maison Blanche, et déjà à lire la presse du monde entier, la nôtre incluse, la messe est dite : elle sera élue. Comment les Américains pourraient-ils voter contre elle ? Je vais vous dire comment.
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Il faut savoir que le pire ennemi d’Hillary Clinton est Hillary elle-même. Le meilleur exemple pour illustrer ce que la plupart des Américains savent et disent d’elle est de jeter un œil, même inattentif, sur son logo officiel. Alors que Barack Obama avait fait campagne avec un “o” majuscule évoquant un lever de soleil sur fond de couleurs du drapeau, Hillary a choisi un “h” majuscule, tout en angle et barré d’une flèche rouge. Un symbole réalisé non par un politique (dont on imagine qu’il aurait plutôt opté pour rassurer ou arrondir les angles) mais par une agence de com spécialisée dans l’image d’entreprise. Ce choix personnel de la candidate en dit long sur l’image qu’elle veut véhiculer.
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Les hommes voteront comme toujours républicain
Raideur, sérieux, rationalité : c’est exactement ainsi que les Américains l’imaginent et c’est pour cette raison-là qu’elle les terrifie. Rien de féminin dans ce choix et c’est, bien évidemment intentionnel. Depuis toujours, Hillary refuse de jouer cette carte. Le simple fait qu’elle soit une femme suffit, selon elle, comme manifeste. Or c’est un problème : les hommes, surtout les Blancs, voteront comme toujours républicain.
Ce sont les femmes qui, en partie, feront la différence et il faudra les séduire pour les faire définitivement basculer côté Hillary. Avec de telles prémices, c’est loin d’être gagné. D’autant qu’il lui faudra convaincre les Noirs et les Latinos. Une tâche a priori aisée, sauf que les républicains sont malins. Ils lui opposent un candidat latino Marco Rubio. Jeb Bush serait pour elle une bénédiction : trois Bush en trente ans, ce serait vraiment trop.
Le deuxième problème d’Hillary, c’est bien sûr Bill. Toutes les campagnes présidentielles démocrates depuis vingt-cinq ans ont été parasitées par Bill Clinton. Non parce qu’il est embarrassant ou stupide, mais pour les raisons inverses : il est brillant et populaire. Autrement dit, il éclipse les candidats de son propre camp. Pire encore : il devient agressif dès que l’on ose attaquer son épouse. En 2008, les pires moments de la campagne d’Hillary avaient été précisément ceux où Bill avait pris sa défense.
L’entourage d’Hillary a retenu la leçon : Bill n’aura pas le droit de rencontrer les électeurs, ni de parler aux médias. Un communiquant de choc le collera pendant toute la campagne. L’ex-président pourrait se révéler dangereux sous un autre angle : celui de sa fondation. Plusieurs enquêtes ont révélé la complaisance avec laquelle il avait accepté de l’argent venant de pays peu recommandables. Le pire est à venir.
Choix de logo et positionnement non sexué
Le troisième souci de l’ex-secrétaire d’Etat s’appelle Barack Obama. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les seuls présidents qui ont fait un troisième mandat directement ou en faisant élire un candidat de leur camp sont Franklin Roosevelt et Ronald Reagan. Les deux avaient en commun un bilan fort : le New Deal de l’un, la révolution conservatrice de l’autre. Or Obama n’a rien d’enthousiasmant à opposer aux républicains. Son bilan reste, pour les Américains, mitigé et surtout clivant.
Même la grande réussite de ses deux mandats, l’Obamacare et ses vingt millions d’Américains couverts par une assurance santé, divise toujours : 53 % contre et 41 % pour. En résumé, le problème d’Hillary est qu’hormis son choix de logo et son positionnement non sexué, ses handicaps sont hors de son contrôle direct ou dépendent des républicains. C’est le plus sûr moyen de perdre, non ?
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