L’éternel retour. Filtré avec amour, le vin de l’inépuisable légende de Tristan et Iseult sait encore nous griser. La légende est tenace. Elle hante depuis six cents ans l’imaginaire occidental. A la fin du siècle dernier, Richard Wagner compose son plus fameux opéra en s’inspirant de vieux contes du Moyen Age, mais dans une version […]
L’éternel retour. Filtré avec amour, le vin de l’inépuisable légende de Tristan et Iseult sait encore nous griser.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La légende est tenace. Elle hante depuis six cents ans l’imaginaire occidental. A la fin du siècle dernier, Richard Wagner compose son plus fameux opéra en s’inspirant de vieux contes du Moyen Age, mais dans une version très éloignée des textes originaux (bien moins chaste !), et sur une durée plus que généreuse… Il faut attendre 1938 pour qu’un autre compositeur, Frank Martin, s’intéresse au mythe sous la forme d’une cantate, en reprenant trois chapitres du récit de Bédier dans lequel l’amour de Tristan et Iseult demeure platonique : « Ce texte, comme je crois aucune autre prose, me servit et me porta par son sens extraordinaire du rythme, des proportions et du juste mouvement psychologique. » D’une forme aux antipodes du Tristan de Wagner, Le Vin herbé de Martin est destiné à un chœur de douze chanteurs, d’où se détache parfois un soliste (Tristan, Iseult, le Roi Marc), et huit instrumentistes. Mireille Laroche, qui, exceptionnellement, quitte la rive droite du canal Saint-Martin où est amarrée sa Péniche Opéra, a imaginé une mise en scène reposant « sur un espace qui est celui du mythe : celui de la musique du reflet et de l’abîme. Sur un bassin d’eau, à la fois miroir et profondeur, reposent les instruments. Au-dessus se dresse un ponton de bois, ultime refuge face à la mer pour ces douze voix qui vont s’employer à nous raconter Tristan et Iseult, ce divertissement à pleurer… Comment, à l’aube du troisième millénaire, un groupe de douze hommes et femmes peuvent-ils trouver un « ultime refuge » dans la narration de ce conte moyenâgeux ? On y retrouve les mêmes violences, les mêmes révoltes, les mêmes désordres, les mêmes voluptés que dans le Tristan d’origine… mais peut-être avec plus d’angoisse et de noirceur dans la musique, moins d’innocence et de jeunesse. » D’un style inspiré, entre le classicisme de Bach et l’atonalité expressive de Schoenberg, la partition est une idéale musique de scène.
Le Vin herbé Légende médiévale de Frank Martin sur un livret de Joseph Bédier. Mise en scène de Mireille Laroche, chanteurs et solistes de l’Orchestre des pays de Savoie, direction Jean-Claude Pennetier
Franck Mallet
{"type":"Banniere-Basse"}