Dégustation de vins de Loire et sentences hilarantes au menu du spectacle à la durée modulable du grand bavard Sébastien Barrier.
Vous qui entrez ici, abandonnez toute notion du temps. Car une fois que Sébastien Barrier est lancé, rien ne l’arrête. Ni les heures qui s’égrènent, ni le dernier métro, ni même le départ discret de quelques spectateurs, bien que la règle du jeu leur soit d’emblée exposée : Savoir enfin qui nous buvons a une durée variable selon les soirs – avec une moyenne de six heures, pour donner une idée du phénomène –, et libre à chacun de rester le temps qu’il veut et de partir à tout moment.
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Sauf que personne ne bouge, ou presque. Tous collés aux lèvres de ce bavard impénitent, de cet anthropologue du quotidien qui dit souffrir d’une forme de bégaiement fort singulière. Loin d’achopper sur l’enchaînement syllabique, sa parole coule comme une cataracte, accrochée aux méandres tortueux des digressions qui cartographient son récit comme autant d’affluents, de confluents, de deltas, de vallées et de plaines qu’on parcourt avec lui, impatients de découvrir ce qui se cache au prochain tournant du paysage ligérien où vivent et travaillent les vignerons qui sont le socle de l’histoire qu’il nous conte. Avec dégustation à la clé, comme autant de stations désaltérantes, de ces vins de Loire autour desquels s’ordonne (façon de parler) et s’élucide le titre énigmatique de son spectacle.
C’est vrai qu’il les connaît bien ces vignerons et vigneronnes, sept au total, qui jalonnent la géographie de sa mémoire et étalonnent son amour de la dive bouteille à coups de sentences fleuries et bien senties, qu’il réunit dans l’acronyme “BSP” : “Bon sens paysan”, comparable au bon sens papou qu’il repère dans le film de Stéphane Breton, Eux et moi, réalisé en filmant les Papous de Nouvelle-Guinée auprès de qui il passa de nombreuses années. Alors oui, nous aussi, on oscille avec délice de la saillie récurrente du vigneron Thierry Puzelat – “Mais tu vas la fermer ta grande gueule ?” – à celle de Jacques Carroget, tempérant : “On n’est pas à tuer les vipères” (on a le temps). Et le plus fort, c’est qu’en sortant on n’a qu’une envie : revenir et l’écouter encore jusqu’au bout de la nuit. Fabienne Arvers
Savoir enfin qui nous buvons de et par Sébastien Barrier les 29 et 30 avril aux Sables-d’Olonne, du 21 au 23 mai à Paris (Le Monfort), le 30 à Saint-Avé, le 5 juin à Boulazac, les 12 et 13 à Paris (CentQuatre)
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