Il avait dû renoncer à la tournée actuelle de son groupe, qui passera par l’Europe en octobre prochain, mais son alter-ego Donald Fagen avait annoncé le 2 août dernier au site Billboard qu’il espérait le revoir bientôt à ses côtés sur scène. Ce sera pour une autre vie, car Walter Becker, membre fondateur de Steely […]
Steely Dan est avec Fleetwood Mac le groupe américain des années 70 qui aura connu sur le tard le plus spectaculaire des retours de flamme.
Il avait dû renoncer à la tournée actuelle de son groupe, qui passera par l’Europe en octobre prochain, mais son alter-ego Donald Fagen avait annoncé le 2 août dernier au site Billboard qu’il espérait le revoir bientôt à ses côtés sur scène. Ce sera pour une autre vie, car Walter Becker, membre fondateur de Steely Dan, est mort ce dimanche 3 septembre à l’âge de 67 ans.
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Récemment acclamé et cité en référence par des groupes en vogue comme Parcels ou Toro Y Moi, reconnu en maître pour ses productions sophistiquées par des disciples aussi prestigieux que Daft Punk, Pharell Williams ou Mark Ronson, Steely Dan est avec Fleetwood Mac le groupe américain des années 70 qui aura connu sur le tard le plus spectaculaire des retours de flamme.
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Pendant des décennies, leur adult-pop ultra léchée, flirtant musicalement avec le jazz-rock, était bannie des cercles branchés, et c’est seulement du bout des lèvres que certains, Prefab Sprout, Scritti Politti ou Deacon Blue (ces derniers étant baptisés ainsi d’après une de leurs chansons, Deacon blues), osaient s’en réclamer. Becker, né dans le Queens en 1950, avait rencontré Fagen sur les bancs du Bard College, à New York. Les deux musiciens (Walter est bassiste et guitariste, Fagen pianiste) feront leurs armes de songwriters pour d’autres, écrivant notamment pour Barbra Streisand (I Mean to Shine) avant de former leur propre groupe, baptisé Steely Dan d’après le nom d’un godemichet géant dans Le Festin nu de William Burroughs.
https://www.youtube.com/watch?v=tgYuLsudaJQ
Satellisés aux sommets des charts US dès leur premier album, Can’t by a thrill (1972), notamment grâce à l’imparable Do it again, Steely dan a amené un peu de l’esprit torturé et cynique de New York sur la côte Ouest, où ils se sont provisoirement installés au début des années 70 pour rejoindre l’écurie du label ABC et son producteur maison, Gary Katz, un autre New-Yorkais parti faire fortune sous les sunlights californiens. C’est Katz qui va produire tous les albums de Steely Dan jusqu’à Gaucho (1980), avant la séparation du duo pendant 13 ans, alignant un nombre de classiques de ce son hi-fi que Becker et Fagen peaufinent avec les meilleurs musiciens de studio et certaines pointures du jazz tels Wayne Shorter, Bernard Purdie ou Joe Sample.
L’univers faussement climatisé de leurs chansons recèle en réalité une critique au scalpel du rêve américain en mettant en scène des losers, des tordus, des couples dysfonctionnels, pas mal de personnages véreux ou lâches, des putes, des pédophiles, et pas une seule histoire d’amour radieuse.
https://www.youtube.com/watch?v=6Cd9YJvoQIg
A son retour à New York en 1978, après la sortie d’un nouveau chef-d’œuvre, Aja, Walter Becker rejoindra les personnages des chansons de Steely Dan lorsque sa fiancée de l’époque, Karen Roberta Stanley, sera retrouvée morte dans l’appartement du musicien à la suite d’une overdose. Un temps poursuivi pour non-assistance à personne en danger, perdu lui-même en plein cauchemar narcotique, Becker sera peu après ce drame percuté par un taxi dans les rues de Manhattan, tous ces nuages amoncelés finissant par déteindre sur la belle mécanique du groupe.
Durant les 13 ans de leur séparation, avant la reformation de 1993, Walter Becker aura produit pas mal d’artistes des deux côtés de l’Atlantique (de Rickie Lee Jones aux Norvégiens de Fra Lippo Lippi) et deviendra même pour quelque temps un membre à part entière de l’un d’entre eux, China Crisis, d’autres British influencés par Steely Dan.
Il enregistrera par ailleurs deux albums solos qui n’auront pas le même retentissement que ceux de Donald Fagen, dont le carton international de The Nightfly, en 1982, aura un temps fait de l’ombre à toute leur discographie en commun. Steely Dan n’enregistrait plus d’albums depuis quinze ans (le dernier, Everything must go, date de 2003), mais continuait à donner des concerts régulièrement, pour des sexagénaires ayant connu leur grandes années mais aussi, de plus en plus, pour de jeunes convertis qui n’étaient pas nés du temps de Rikki don’t lose that number, Reelin’ in the years, Peg ou Kid Charlemagne.
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