Elle avait tourné treize films sous la direction de Georges Lautner.
Née Mireille Aigroz, Mireille Darc avait débuté à la télévision avant d’être repérée par Georges Lautner, le réalisateur attitré du scénariste Michel Audiard, connu pour sa verve vulgaire et anarchisante de droite. Ils en firent leur créature, leur actrice fétiche : jeune femme désalée, coquette et coquine. Dans Pouic-Pouic, immarcescible chef-d’œuvre de Jean Girault avec Louis de Funès et Jacqueline Maillan pour parents, elle portait pourtant avec classe le chapeau de chasseur à plume.
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Avec l’apparition de sa coupe à la Jeanne d’Arc qui semble-t-il lui avait inspiré sont pseudo, elle incarna à plusieurs reprises, souvent sous la direction de Georges Lautner (treize films ensemble), des rôles de garces intelligentes, de prostituées classes et fortes, ayant fait une fin avec un vieux truand riche (Les Barbouzes, en 1964) ou ayant réussi à s’en sortir toute seule (Ne nous fâchons pas). Le titre de l’un de ses films (toujours de Lautner), La Grande Sauterelle, lui resta longtemps attaché.
Elle était très jolie, Mireille Darc. Dans l’histoire des actrices françaises, elle appartenait à une génération intermédiaire, entre Brigitte Bardot (plus gironde, plus années 50) et Catherine Deneuve (plus cérébrale, plus moderne, américaine dans son jeu). Physiquement, elle incarnait les années 60 yéyé : longiligne comme Françoise Hardy ou les pin-ups britanniques.
La libération sexuelle lui permit d’incarner des femmes seules mais fortes (Il était une fois un flic avec Michel Constantin), à l’aise avec leur corps, qui savaient tenir tête aux hommes les plus costauds (Lino Ventura ou Jean Yanne), à la fois les séduire, les aimer et les manipuler (selon le bon vieux précepte machiste et misogyne selon lequel les femmes sont perfides et dirigent le monde). C’est hélas ce qui limita sa carrière, même si en 1967 elle joua dans Week-End de Godard dans sa période pré-politique, avec Jean Yanne à ses côtés – un très beau film qui ne modifia pas beaucoup le choix de ses futurs rôles.
L’image qui restera d’elle est tirée du Grand blond avec une chaussure noire d’Yves Robert, où elle incarnait une belle espionne chargée de faire parler un violoniste maladroit (Pierre Richard) pris à tort pour un agent secret redoutable. En signe de deuil, elle y arborait une longue robe noire ras du cou, qui révélait soudain, quand elle se retournait, un décolleté du dos extrêmement plongeant et une chute de reins impressionnante. Ce gag, disons-le, était déjà présent dans Le Veuf de Dino Risi (le cinéma itlaien inspira beaucoup Yves Robert).
https://www.youtube.com/watch?v=NymPJO4HfxQ
A partir des années 80, après quelques nanars d’Edouard Molinaro, elle s’éloigna des plateaux de suite à la suite de graves problèmes cardiaques.
A la fin du millénaire précédent, elle était passée à la réalisation de reportages, notamment pour l’émission de France Télévision « Envoyé spécial ». Elle s’y intéressait beaucoup au sort des femmes, notamment des prostituées.
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