Dans le cadre d’une semaine raisonnablement hot sur Canal+ Cinéma, un docu(l) se demande pourquoi la représentation du sexe dans le cinéma traditionnel demeure problématique.
Diffusé dans le cadre de la « Semaine eXplicite – Sexe et cinéma » de Canal+ Cinéma, qui pour l’occasion devrait supprimer son « c » initial – ce serait plus parlant -, ce docul, dit le communiqué de presse, « interroge notre rapport à la représentation de la sexualité ». On aimerait bien. En fait, il est surtout question ici de répertorier les films dits traditionnels incluant des scènes de sexe plus ou moins explicites, qui ne sont pas légion quoi qu’on pense. Ce sont toujours un peu les mêmes qui reviennent sur le tapis, en commençant par le pionnier en matière de Q : Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci (1972) et son fameux « passe-moi le beurre », suivi du tout aussi mémorable Empire des sens de Nagisa Oshima (1976), pour en arriver aux plus récents et célébrés La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche et L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie.
Deux histoires homos qui n’ont rien de gai, comme le souligne John B. Root, pionnier et porte-drapeau du cinéma X alternatif, et le plus pertinent des intervenants de ce panel (allant de Marina Foïs à Gaspar Noé en passant par Catherine Breillat). B. Root souligne la noirceur des films tradi comportant des scènes explicites ; pour lui, c’est encore une forme de stigmatisation du sexe, dans le prolongement de la vieille doxa judéo-chrétienne. En effet, sans parler des gothiques Lars von Trier et Catherine Breillat, pour qui baiser est une activité presque satanique, peu de cinéastes envisagent le sexe pour ce qu’il est avant tout : un plaisir sain. Si on a entrevu une légère éclaircie grâce à L’Inconnu du lac, aux accents hédonisto-renoiriens, l’arrièrefond policier du film reste assez inquiétant.
Le sexe au cinéma est-il concevable sans une certaine violence ? Quand pourra-t-on voir des scènes de cul aléatoires et incidentes dans une comédie ou une histoire romantique, sans en faire tout un plat ? Pour l’instant, une grande partie des films cités (et d’autres) font du sexe leur sujet, le mettent parfois en avant dans leur titre : Nymphomaniac, Romance X, L’Empire des sens (ou Le Pornographe de Bertrand Bonello, non évoqué dans le doc). La situation reste évidemment crispée ; le fossé entre cinéma X et cinéma « normal » demeure, comme le déplorent avec justesse les spécialistes John B. Root ou Ovidie, qui se sentent toujours ghettoïsés, malgré leurs efforts pour populariser leurs productions hard (cela dit, les extraits de films d’Ovidie présentés rappellent trop les téléfilms roses de M6 pour que l’on ait envie d’en voir plus). L’idéal serait que le sexe au cinéma se banalise à un point tel que ce type de documentaires devienne superfétatoire.
Et pour les scènes de cul, on fait comment ? documentaire de Svetlana Klinyshkova et Nicolas Maupied. Lundi 1er, 22 h 25, Canal+ Cinéma