Le 15 mars, la Maison Blanche a lancé Opinion Space, site qui invite le monde entier à « s’exprimer sur la politique étrangère des Etats-Unis« . Des « opinions mondiales » qui sont ensuite cartographiées. Reste que l’expérience n’attire pas foule.
Le 15 mars, la Maison Blanche a lancé Opinion Space, pour inviter le monde entier à « s’exprimer sur la politique étrangère des Etats-Unis« . Le site cartographie ensuite ces « opinions mondiales« . Si Opinion Space peine pour l’instant à décoller, il vise à faire déborder la démocratie américaine 2.0 hors des frontières des Etats-Unis, en permettant à la Maison Blanche de consulter directement et en temps réel les citoyens d’autres pays, par-delà leurs représentants traditionnels.
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La démocratie 2.0 américaine ne connaît plus de frontières
« Opinion Space va exploiter le potentiel des technologies de connexion pour offrir quelque chose d’inédit : un grand forum pour un dialogue mondial« , déclarait le 15 mars Hillary Clinton.
« C’est un exemple de ce que l’on appelle le « statecraft » [l’art de gouverner] du XXIe siècle et l’occasion pour notre gouvernement d’étendre notre engagement au-delà des couloirs de la Maison Blanche, directement avec les gens du monde entier« , a poursuivi la secrétaire d’Etat américaine. Mais si l’annonce s’est faite en grande pompe, le projet n’a pour l’instant pas attiré foule.
Opinion Space ne décolle pas
Avec quelques 10 000 opinions collectées cinq jours après le lancement, le projet Opinion Space a en effet un petit goût d’échec. Signe que l' »art de gouverner » de la Maison Blanche ne convainc pas encore la terre entière.
Il faut dire que l’expérience du « grand dialogue mondial » est, dans les faits, décevante. A l’inscription sur le site, on vous demande d’exprimer votre degré d’adhésion à cinq propositions touchant à la politique extérieure américaine (la menace terroriste nucléaire, l’Afghanistan et le Pakistan, le changement climatique, l’investissement en agroalimentaire, la promotion de la parité pour le développement économique). Puis de décrire le problème à soumettre en priorité à Hillary Clinton.
On devient alors une étoile scintillante au sein d’une constellation. Une étoile placée en fonction de son affinité avec les opinions des autres étoiles. Pas réellement un « forum » donc.
La seule interactivité réside dans le fait de donner deux notes aux autres opinions (pour notre adhésion et la pertinence qu’on donne à leur commentaire). S’il est amusant de voir qui sont nos étoiles voisines et celles qui le sont moins, on ne reste pas sur le site aussi longtemps que sur Facebook ou Twitter.
Eviter la « cyber-polarisation »
Seul intérêt: « Opinion Space est conçu pour dépasser la traditionnelle ligne droite/gauche et présenter au contraire des « constellations » d’opinions« , indique Ken Goldberg, directeur du centre de l’Université de Berkeley qui a conçu le site en collaboration avec la Maison Blanche.
Le chercheur a ainsi voulu trouver une façon d’éviter la « cyber-polarisation ». « On simplifie les choses à l’extrême quand on réduit votre position à « pour » ou « contre » », explique t-il au NiemanJournalismeLab. La visualisation graphique des données ferait ressortir les nuances et éviterait l’écueil des forums sur Internet où les avis modérés sont étouffés par les extrêmes.
Si le site réussit son pari, Opinion Space pourrait « faire remonter des idées pertinentes » au ministère des Affaires étrangères américain, lequel évoque l’idée de « peut-être l’utiliser pour collecter et visualiser les opinions des utilisateurs sur des sujets allant de la politique à la famille, en passant par l’art et la zoologie ».
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