En lieu et place de la French touch, peut-être est-on sur le point d’assister à l’émergence d’une Basque Connection n’œuvrant pas forcément dans le même sillon que celui vindicativement creusé par Kortatu ou Negu Gorriak. On rêve que ces comploteurs et autres peloteurs de computers prenant part à l’entreprise rivalisent d’ingéniosité et de raffinement avec […]
En lieu et place de la French touch, peut-être est-on sur le point d’assister à l’émergence d’une Basque Connection n’œuvrant pas forcément dans le même sillon que celui vindicativement creusé par Kortatu ou Negu Gorriak. On rêve que ces comploteurs et autres peloteurs de computers prenant part à l’entreprise rivalisent d’ingéniosité et de raffinement avec ce BXT au profil bigrement séduisant. « Qui aime bien Satie bien », énonça un jour le grand Erik en guise de règle principale et d’ailleurs unique d’un jeu très mystérieux dont il symbolisait à la fois le tenant et l’aboutissant. Erik Satie n’aurait, conjecturons-le, pas dédaigné la révérence à lui faite à l’occasion du deuxième titre de Soupçons. Car c’est bien, toutes proportions gardées, de gymnopédies contemporaines que l’on voudrait parler à propos des neuf miniatures composées par BXT, alias Bixente Iriart. Des miniatures qui dessinent de souvent fascinantes et toujours évolutives circonvolutions dans l’espace sonore et se meuvent dans le silence avec assez de sensibilité pour n’en pas dénaturer la substance. A l’instar du créateur des Gnossiennes et autres Sonatine bureaucratique, BXT ne se départit jamais d’un mince sourire au bord des larmes et teinte même les pièces les plus mélancoliques d’une légère nuance de malice. De cet incessant conflit intérieur entre gaieté et tristesse, dynamisme et abattement, de cette ludique ambivalence naît la belle et complexe singularité de l’univers de BXT, et permet à Soupçons de se démarquer du tout-venant des productions électroniques. Il est un signe secondaire mais révélateur du caractère farouchement personnel d’un disque, qui ne saurait se résumer à la somme bien dosée de ses influences : si plusieurs envies de comparaison nous titillent de-ci de-là, aucune ne s’impose sur la durée. « The entire world sounds like an old woman », égrène Charles Bukowski à la fin du splendide A need for a glue, versant un ultime soupçon de poésie qui achève de faire déborder nos réserves d’allégresse.
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