Visuels, paroles et nouvelles fonctionnalités enrichissent les albums digitaux. Mais la qualité sonore reste celle du MP3.
Pour le plus grand nombre, Chumbawamba n’est pas connu pour ses récents albums de folk militant mais pour son tube planétaire de 1997, Tubthumping. Bien qu’aucune des onze autres chansons de l’album Tubthumper n’arrive à la cheville de ce single phénoménal, le disque s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires rien qu’aux Etats-Unis.
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Selon la société d’études Blue Champagne, le “Chumbawamba effect”, soit la capacité de vendre un album sur la foi d’un seul morceau, est aujourd’hui l’une des principales faiblesses de l’industrie musicale après avoir été pendant des années son grand pourvoyeur de revenus.
Avertis et économes, les consommateurs profitent de la possibilité d’acheter les morceaux à l’unité : en 2000, en Grande-Bretagne, sur un marché entièrement physique, il se vendait plus de deux albums pour un single ; en 2009, en digital, il s’est téléchargé plus de dix singles pour un album… Aujourd’hui, la grande majorité des acheteurs téléchargerait Tubthumping pour 0,99 euro plutôt que d’acheter Tubthumper à 9,99 euros.
Face à ce manque à gagner – qui n’a rien à voir avec le piratage – les labels ont désormais un objectif prioritaire : développer la vente d’albums digitaux. Pour y parvenir, l’offre doit relever trois défis : proposer des prix intéressants, correspondre aux usages des consommateurs et être suffisamment séduisante.
Objectif : rendre les albums dématérialisés plus attractifs
Avec la fin du dogme des 99 cents et l’introduction d’une plus grande souplesse tarifaire, l’industrie a enfin actionné le levier prix. En abandonnant les DRM, elle a fait un grand pas en faveur de la commodité d’utilisation. Restait donc à rendre les albums dématérialisés plus attractifs. Pour beaucoup, la réponse se trouve dans de nouveaux formats de fichiers conçus pour recréer la richesse des albums physiques.
En août 2009, la presse britannique rapportait que les quatre majors (EMI, Sony, Universal et Warner) développaient un format d’album numérique baptisé CMX, dont on est sans nouvelles depuis. En septembre, elles étaient devancées par Apple qui lançait son format, iTunes LP. Le principe est à peu de chose près celui d’un DVD ou d’un CD-ROM : aux fichiers audio sont ajoutés des bonus (vidéos, photos, paroles…) accessibles depuis une interface interactive.
Une application pour entrer dans l’univers de l’artiste
Ambitieuse, la société Bach Technology veut révolutionner l’expérience musicale avec MusicDNA. Dévoilé au Midem, il se présente comme une surcouche d’infos contenant des éléments multimédias (visuels, paroles…), des contenus internet (actualités, promotions…) et des données spécifiques (style, instrumentation…). Chaque morceau devient une mini-application ouverte sur l’univers de l’artiste, des bibliothèques musicales.
iTunes LP et MusicDNA misent donc sur l’appétence des consommateurs de musique pour des contenus périphériques, n’osant ni l’un ni l’autre remettre en cause les formats audio les plus répandus. Le succès des applications musicales sur iPhone est encourageant pour MusicDNA, mais les consommateurs pourraient être rebutés par l’explosion de la taille des fichiers sans amélioration sonore.
Et les débuts d’iTunes LP sont assez timides, même si certains semblent prêts à dépenser plus pour des formats “deluxe” (en une première semaine, en Europe, il s’est vendu trois fois plus de versions iTunes LP de l’album de Michael Bublé que de sa version standard).
En 2009, grâce aux initiatives de l’industrie, les ventes d’albums digitaux ont crû deux fois plus vite que celles titre par titre. Mais entre marketing, technologie, ergonomie, tarification, formats et contenus, le “Chumbawamba effect” de l’ère digitale reste à découvrir.
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