La nuit parisienne n’étant plus ce qu’elle était, a fortiori un mercredi soir, c’est dans un lieu sûr que nous donnons rendez-vous à Valérie Donzelli : le Carmen, meilleur club de South Pigalle. Dans Main dans la main, son troisième long métrage, qui sort le 19 décembre, elle imagine mille chorégraphies pour son couple d’acteurs, […]
La nuit parisienne n’étant plus ce qu’elle était, a fortiori un mercredi soir, c’est dans un lieu sûr que nous donnons rendez-vous à Valérie Donzelli : le Carmen, meilleur club de South Pigalle. Dans Main dans la main, son troisième long métrage, qui sort le 19 décembre, elle imagine mille chorégraphies pour son couple d’acteurs, Jérémie Elkaïm et Valérie Lemercier, condamnés, par on ne sait quel tour de magie, à effectuer les mêmes gestes. Partout. Tout le temps. Dans la rue, les couloirs de l’Opéra Garnier, seuls ou accompagnés, au lit ou dans la salle de bains : si l’un bouge le bras, l’autre aussi ; si l’un va à gauche, l’autre le suit. Une danse concrète, faite de gestes simples et coordonnés, qui dessine les contours d’une romance contrariée et dont l’idée lui est venue de son amour pour Pina Bausch et Gene Kelly.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Avant d’enflammer nous-mêmes la piste, on s’échauffe un verre à la main dans l’un des somptueux boudoirs attenants – le lieu fut jadis une luxueuse maison close. “Ça me fait tout drôle d’être ici, je ne sors plus du tout. Depuis le tournage de La guerre est déclarée, je n’ai fait que travailler, puisque j’ai enchaîné très très vite avec Main dans la main”, nous confie, un peu boudeuse, l’actrice et réalisatrice. “Le plaisir de la danse, pour moi, c’est quand ce n’est pas prédéterminé. C’est quand tu entends un morceau qui te fait dodeliner de la tête, et que, soudain, c’est plus fort que toi, tu es pris par un démon : tu dois danser.” Nous attendrons le bon morceau pour l’inviter, donc… Elle nous raconte qu’elle a appris à danser avec son père, le rock’n’roll. “Il y a toujours un moment, dans chaque fête, où quelqu’un se met à danser le rock, même sur un morceau qui n’a rien à voir. J’adore ce moment. Mais je te parle du rock old school, calme, doux, sensuel, pas ce rock acrobatique ridicule dansé dans les rallyes. C’est pour ça que je préfère danser avec des papys.” Ça tombe bien, nous n’avions aucune envie de danser le rock’n’roll – et le DJ n’a pas l’air branché là-dessus de toute façon.
Il y a quelques jours, Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm étaient à Rome pour montrer Main dans la main au Festival international du film, où Jérémie (effectivement phénoménal) a remporté le prix d’interprétation. “Ça m’a fait tellement plaisir qu’il ait le prix pour un rôle aussi ténu, pas psychologique du tout mais au contraire très physique. C’est inhabituel en festival. Je pensais le connaître par coeur mais j’ai découvert de nouveaux aspects de son jeu avec ce film. Il arrive à exprimer énormément en ne faisant pratiquement rien.” Pendant qu’elle dit cela, Upside down de Diana Ross commence à faire son effet sur les jambes engourdies…
La veille, elle était avec Jérémie en Bretagne, à Lorient, pour présenter le film en avant-première. Moins glamour que Rome certes, mais elle y prend tout autant de plaisir. “J’aime beaucoup ces tournées, rencontrer le public, même si pour La guerre est déclarée, ça avait été un peu long. Hier, pendant le débat, Jérémie a improvisé un flash mob dans la salle : 200 personnes qui lèvent les bras, font des trucs ensemble, c’était hystérique.” Une dernière anecdote sur les moquettes aux motifs psychédéliques du Novotel de Rennes (“sans doute pour cacher les taches de vomi ou de sperme : on ne croirait pas, mais les VRP font vachement la fête le soir dans ces hôtels de province”), et notre cavalière se sent enfin prête à fouler la piste lorsque le bon morceau, le vieux tube tant attendu, retentit : 99 Luftballons du groupe allemand Nena, roi des boums circa 1983. “Je sais que c’est kitsch, mais c’est parfait pour danser n’importe comment. Un vrai exutoire, cette chanson, non ?” Ja, Ja.
{"type":"Banniere-Basse"}