Ce jeudi 13 décembre, la liste des nominations pour les Golden Globe 2013 a été révélée. Entre un cinéma américain tourné vers l’Histoire et la politique, et la présence de productions françaises, petit récapitulatif critique de la situation.
Tout le monde se souvient du raz-de-marée provoqué l’année dernière par The Artist. Le film de Michel Hazanavicius avait en effet été nommé six fois, et était reparti avec trois trophées (Jean Dujardin Meilleur acteur, Ludovic Bource Meilleure musique et Meilleure comédie). Du jamais vu.
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Cette année, bien qu’aucun phénomène similaire ne soit susceptible de se reproduire, la France n’en demeure pas mois très présente. Ainsi, deux productions françaises (Intouchables et De rouille et d’os) et une autre franco-autrichienne (Amour de Mikael Haneke) sont en lice pour le Golden du Meilleur film étranger.
Et pour la troisième fois en cinq ans, après le triomphe – mérité ? – de La môme (Oscar, Bafta et Golden Globe en 2008) et une prestation saluée dans le musical Nine de Rob Marshall en 2010 (nommée pour le Golden globe de la Meilleure actrice dans une comédie), Marion Cotillard, véritable chouchoute des Etats-Unis malgré sa performance moquée chez Christopher Nolan, se voit du coup une nouvelle fois nommée, cette-fois pour son rôle bouleversant de dresseuse d’orques amputée des jambes chez Jacques Audiard.
Outre la French Touch, c’est évidemment de cinéma américain qu’il est question avant tout. Un cinéma cette année fortement préoccupé, et hanté par des épisodes douloureux de son histoire. Sur des modes différents (de la comédie à la fresque en passant par le thriller), les regards se pénètrent, se répondent. D’un côté, Steven Spielberg et son Lincoln, grand favori avec sept nominations, s’attaque à l’abolition de l’esclavage mené par le Président (Daniel Day-Lewis) en pleine Guerre de Sécession. De l’autre, l’esclavage et les affres de la liberté retrouvée, repris en chœur par le délirant Django Unchained de Quentin Tarantino, qui, fort de ses cinq nominations, fait aussi figure de favori.
Plus contemporaines, l’exfiltration d’otages américains en Iran en 1980 au centre d’Argo de Ben Affleck (cinq nominations) et la traque du terroriste Ben Laden relatée dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow (quatre nominations) achèvent l’impression d’une sélection imprégnée par la politique, par les mouvements et soubresauts de l’époque. Seul Ang Lee et son Odyssée de Pi, dernier film à concourir pour le Golden Globe du Meilleur drame, semble plus distant, résolu à demeurer dans le champ de la fiction.
Puis il y a les grands absents. Ces films oubliés ou volontairement écartés par la HFPA (Hollywood Foreign Press Association), ce comité de 90 critiques internationaux chargés de voter. En effet, à la trappe le poétique Holy Motors de Leos Carax ! A la trappe les prestations pourtant sublimes de Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva dans Amour ! A la trappe Looper, génial mélange d’anticipation et de réflexion sur le cinéma du jeune Rian Johnson ! A la trappe enfin Skyfall (nommé uniquement pour sa bande originale signée Adèle) et The Dark Knight Rises de Christopher Nolan !
En somme l’heure n’est pas aux révélations. Ni vraiment aux prises de risque. Daniel Day-Lewis, Meryl Streep (26e nomination !), Spielberg, Bigelow, Helen Mirren, aussi bons acteurs et cinéastes soient-ils, ont déjà été nommés et récompensés à plusieurs reprises. Cela rime-t-il avec un essoufflement de ce genre de rituels ? L’industrie serait-elle en train de s’épuiser ? Et faut-il vraiment tenir compte de ces remises de prix ? Sont-ils gages de qualité ou simples reflets aléatoires de la subjectivité de quelques-uns ? Peut-être des questions à se poser avant la Cérémonie, qui se déroulera le 13 janvier 2013 à Los Angeles.
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