Quels sont vos premiers souvenirs musicaux ? George Issakidis Honnêtement, la musique populaire grecque, en voiture, avec mes parents. Christophe Monier En maternelle, j’avais des instituteurs qui nous faisaient écouter de la musique classique. C’est là que j’ai eu mon premier choc esthétique : L’Oiseau de feu de Stravinsky. Stravinsky, c’est une musique […]
Quels sont vos premiers souvenirs musicaux ?
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George Issakidis Honnêtement, la musique populaire grecque, en voiture, avec mes parents.
Christophe Monier En maternelle, j’avais des instituteurs qui nous faisaient écouter de la musique classique. C’est là que j’ai eu mon premier choc esthétique : L’Oiseau de feu de Stravinsky. Stravinsky, c’est une musique très rythmique, très puissante, très inspirée de la musique populaire, avec des harmonies très avant-gardistes, qui tendent vers le dissonant. Finalement, exactement la même chose que ce que j’écoute aujourd’hui !
Premiers disques achetés ?
George Blondie, Heart of glass, le 45t, et Born to be alive de Patrick Hernandez. J’avais 8 ou 9 ans. J’habitais à Calgary, au Canada, qui n’est pas l’endroit le plus branché du monde…
Christophe Man machine, de Kraftwerk. Peut-être qu’en même temps j’ai acheté le premier Jean-Michel Jarre. Mais c’est parce que j’étais fan de science-fiction et que toute cette musique synthétique m’attirait par son côté SF. De même que dans le heavy-metal, les pochettes d’heroic fantasy m’impressionnaient beaucoup. J’habitais en banlieue, à Colombes, et j’écoutais du hard-rock avec mes petits camarades : AC/DC, Judah’s Priest, Iron Maiden, Led Zeppelin, Deep Purple, Aerosmith, Blue Oyster Cult, et mon groupe fétiche de l’époque : Thin Lizzy (j’ai gardé les 45t). Et le punk : les Sex Pistols, les Clash. On adorait parce que pour nous c’était comme du metal.
A partir de quand vous êtes-vous intéressés à la musique électronique ?
Christophe Dès le début. En 82, je suis allé à New York, pour apprendre l’anglais. C’est là que j’ai découvert le maxi Planet rock, d’Afrika Bambaataa. Après, il y a eu Grandmaster Flash. Et New Order, une grosse claque. J’adorais aussi Taxi Girl, qui avait un côté très synthétique. Je me souviens qu’au milieu des années 80 le rock a commencé à dire du mal des machines. Des groupes passionnants ont émergé, The Jesus And Mary Chain, les Smiths, qui n’utilisaient pas les machines. Et, quelque part, c’est là que j’ai commencé à en avoir marre du rock. Je trouvais ça trop réac. Ils tournaient le dos à ce qui allait être l’avenir, sans doute pour de mauvaises raisons. En 88, et là je parle pour nous deux, c’est la grosse claque : la découverte de l’acid-house.
Comment avez-vous découvert l’acid-house ?
Christophe J’habitais à Paris dans le XIIIe, l’un des premiers endroits câblés de Paris. On recevait MTV, qui diffusait des clips de Bomb The Bass, S-Xpress, Erik B & Rakim remixés par Cold Cut. C’était le retour des machines. Et un jour est sortie la compil Acid-house, avec les morceaux de DJ Pierre. J’y voyais le mélange de New Order, du hip-hop, de la soul.
George Je travaillais dans un magasin de fringues qui faisait faire des cassettes de house mixée à Toronto. J’adorais la synthèse, la nouveauté, le timbre qui ne restait jamais stable dans cette musique. L’extase. C’était des montées, sans cesse. Une musique hypnotique.
Le clubbing a-t-il tout de suite accompagné votre découverte de la house ?
Christophe On sortait tout le temps. Avant la house, on allait à la Piscine, à la Locomotive, aux soirées batcave du Rex Club. Il y avait aussi les 120 Nuits, le Fantasia. Mais à Paris, pour la house, le club, c’était le Boy. Il y avait des soirées ponctuelles au Rex et au Palace, les soirées French kiss, Jungle, et la Loco un peu après, à l’époque de Madchester. Mais la vraie rupture, ce fut les raves. J’ai le souvenir d’une fête, en 89, sur un bout de quai de la gare du Nord. Et à partir du moment où il y a eu des raves, j’ai arrêté d’aller en boîte. Il y a plein d’aspects pénibles à Paris : le tarif d’entrée, le prix des consos, la sélection à l’entrée, le racisme (à l’époque c’était encore plus flagrant qu’aujourd’hui, il n’y avait pas un Noir ou un Rebeu à l’intérieur). Le personnel des clubs est odieux, en particulier les videurs. Pour toutes ces raisons, les clubs étaient, et sont toujours d’ailleurs, détestables à Paris.
Pourtant, vous jouez en club aujourd’hui ?
Christophe Oui, mais il n’y a presque plus de raves. Que ce soit en France ou en Angleterre, les raves ont été pourchassées. Il n’y a presque plus de free parties. Il ne reste que des festivals complètement institutionnalisés.
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