Développé par quatre étudiants new-yorkais, Diaspora est fidèle à l’esprit du logiciel libre. Contrairement à Facebook, ce réseau permet à chaque internaute de conserver ses droits sur ses données.
La presse a déjà sacré le réseau social qui mettra Facebook en faillite. Le parfait David pour contrer le réseau Goliath aux 400 millions d’utilisateurs, actuellement sous un feu nourri de critiques pour sa gestion opaque et complexe des données personnelles. Avec son nom programmatique, Diaspora fait figure de challenger idéal grâce à sa philosophie – un réseau ouvert et décentralisé – et son origine qui perpétue la mythologie de Facebook, élaboré par Mark Zuckerberg dans sa chambre d’étudiant de Harvard.
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Diaspora est développé par quatre étudiants de l’université de New York, entretenant la fable geek des dortoirs universitaires américains comme laboratoire des génies du web. Et pourtant il n’existe pas encore. Le site ne propose pour l’instant qu’une vidéo des jeunes informaticiens présentant leur projet, dans une mise en scène caricaturalement nerd (voir la vidéo). Mais qui leur a permis de remporter une première manche médiatique en réunissant en quelques jours sur le site de micro-dons Kickstarter plus de 200 000 dollars, quand ils n’espéraient en récolter que 10 000 pour mettre sur pied leur réseau.
Alors que Facebook compile les données de ses utilisateurs sur ses propres serveurs, Diaspora donnera la possibilité à chacun de gérer son propre serveur afin d’avoir un contrôle total sur les informations qu’il souhaite partager. Et aux incompréhensibles paramètres de confidentialité de Facebook (170 d’après les calculs du New York Times), les quatre New-Yorkais opposeront la simplicité et la sécurité grâce à un système de cryptage ad hoc.
Enfin, les codes sources du site seront accessibles afin que chacun puisse contribuer à son amélioration. En somme, on ne confie plus ses photos à un intermédiaire, on les partage simplement sans abdiquer pour autant son droit de propriété.
Un discours open source qui séduit la masse grandissante des anti-Facebook, boostée par les maladresses récentes de Zuckerberg, qui s’est fendu il y a quinze jours d’une tribune dans le Washington Post pour promettre plus de simplicité et de transparence à ses détracteurs. “La lune de miel entre Facebook et ses utilisateurs est terminée, décrypte Stéphane Distinguin, président sortant de Silicon Sentier, mais la fronde ne concerne qu’un très petit nombre d’internautes éclairés.”
Les initiatives de désertion comme le Quit Facebook Day (le 31 mai), très relayées dans la presse, ne réunissent que quelques milliers de personnes. Une goutte d’eau dans l’océan en perpétuel expansion des amis du réseau.
“Je ne pense pas que l’empire de Zuckerberg soit en danger, trop d’argent y a déjà été investi, trop de données personnelles lui ont été confiées. Maintenant, les gens vous cherchent naturellement sur Facebook, qui gère l’identité numériques de ses membres”, nous précise Stéphane Distinguin. “Pourtant, des réseaux open source comme Diaspora, il en existe déjà plusieurs. Mais la mise en scène et le timing des quatre étudiants de New York sont parfaits, ce qui explique le buzz.”
OneSocialWeb, Noserub ou les français de Movim ébauchent en effet déjà les fondations d’un web social décentralisé et plus ouvert. “Contrairement à Facebook qui centralise toutes les informations que ses utilisateurs lui confient, les initiatives basées sur des logiciels libres offrent une alternative plus en adéquation avec l’architecture du web”, explique Hugo Roy, coordinateur France de la Free Software Foundation, qui milite pour la diffusion des logiciels libres.
“La crise de confiance que traverse Facebook est une bonne opportunité, les internautes commencent à prendre conscience de l’enjeu que représente le fait de confier son identité à une marque commerciale.”
Les outils comme Diaspora développent un web social qui n’est pas dominé par une entreprise ou une autre, mais où cohabitent une constellation de réseaux sociaux capable de communiquer entre eux. De la même manière qu’un utilisateur Gmail peut échanger des mails avec quelqu’un de chez Hotmail. “Grâce à l’utilisation de standards ouverts, comme Ostatus, ces différents services parleront un langage commun”, conclut Hugo Roy.
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