Source Direct, c’est le côté obscur et glacial de la drum’n’bass. Complices de Photek depuis les premières heures, Jim Baker et Phil Aslett cultivent un goût pour l’épure très proche du maître samouraï. Après une série de remarquables maxis et remixes, leur premier album développe une tonalité résolument maléfique. Brutale et rampante, leur musique capture […]
Source Direct, c’est le côté obscur et glacial de la drum’n’bass. Complices de Photek depuis les premières heures, Jim Baker et Phil Aslett cultivent un goût pour l’épure très proche du maître samouraï. Après une série de remarquables maxis et remixes, leur premier album développe une tonalité résolument maléfique. Brutale et rampante, leur musique capture l’attention par la force : telle une belette piégée par les phares d’une voiture, la victime est aussitôt hypnotisée, paralysée par cet assaut métallique et tranchant.
Atteint de perfectionnite aiguë des mois pour construire un titre , le duo démoniaque n’aime rien tant que jouer ensuite lentement avec les nerfs de sa proie. Car c’est bien à une guerre des nerfs qu’ils convient, à une danse macabre et crépusculaire, hantée de trouvailles fort menaçantes. Une paranoïa divinement orchestrée, plus proche du suspens et de la classe d’un Hitchcock que du grand-guignol gore. Face à ce chef-d’oeuvre empoisonné, les soldats du label V Recordings semblent débarquer la fleur au fusil. Il y a pourtant un sex-appeal monstrueux dans la tension et la rigueur manifestées ici. Il suffisait de voir, en mars dernier, la réaction des clubbers lors de la soirée V Recordings au Twilo, une des plus grandes boîtes new-yorkaises, pour comprendre que le label londonien avait gagné son pari : d’abord désarçonnée par le déluge d’infrabasses, la foule se laissait rapidement gagner et hurlait à chaque break. « Au fond, le funk est notre racine, il s’agit de remettre la fête au goût du jour après certaines dérives techniciennes de la drum’n’bass », explique Frost. Sans compter les digressions mégalomaniaques de 4 Hero et Goldie, qui n’ont pas trop aidé le genre l’an passé. Servi par un casting irréprochable la fine équipe de Reprazent en ordre dispersé (Die, Suv, Krust, Roni Size), Adam F, Peshay, Ed Rush & Optical (auteurs d’un excellent album en début d’année) , Planet V recentre le discours. Et dresse un état des lieux sacrément enthousiasmant, véritable plaidoyer pour retourner dare- dare faire la chasse aux maxis et courir s’ébrouer aux rares soirées survivantes drum’n’bass de la capitale Future Talk et Black Label, tenez bon.