Comme le suggère l’un des titres de ce sixième album, Un Nouveau jour se lève ici pour L’Affaire Louis Trio après l’échec de L’Homme aux mille vies et les embarras qui suivirent : du débarquement de leur précédent label au départ de leur guitariste sitôt terminé l’enregistrement du présent album. On comprendra mieux la présence […]
Comme le suggère l’un des titres de ce sixième album, Un Nouveau jour se lève ici pour L’Affaire Louis Trio après l’échec de L’Homme aux mille vies et les embarras qui suivirent : du débarquement de leur précédent label au départ de leur guitariste sitôt terminé l’enregistrement du présent album.
On comprendra mieux la présence sur la pochette d’un cachet d’aspirine comme unique point de fuite d’un renouveau à l’horizon encore précaire. A moins qu’il ne s’agisse d’une vitamine C ou d’un tranquillisant, histoire de se remettre des quelques traumatismes qu’auront inévitablement provoqués de tels bouleversements sur le biorythme jusqu’ici pépère des Lyonnais. Mais surtout, ne pas se fier aux titres des chansons - Le Roi de la fête, Au rendez-vous des amis - qui pourraient donner à penser que L’ALT s’en remet à son savoir-faire de GO décomplexé qui fit, il y a longtemps, dans ces maudites années 80, sa réputation fugace et tronquée. Depuis Mobilis in mobile, on sait que Cleet Boris joue à Dr Jekyll et Mr Hyde entre son image et le reflet déformé qu’en renvoient ses remarquables compositions. La machine à tubes volontairement remisée en arrière-plan on voit mal La Vague, qui sonne comme du Nick Lowe circa 78, emporter les suffrages des FM , peut-être s’intéressera-t-on enfin au contenu de ce nouvel album comme à l’œuvre de véritables abeilles architectes aux ailes rompues, condamnées à bâtir dans l’ombre ce Palais idéal de la pop d’après les plans désordonnés laissés par les Beatles et XTC. Forcément, à l’heure où le monde extérieur a des Daft Punk plein la bouche, ce genre de chimères peut prêter à sourire, de la même façon que Partridge lui-même fut longtemps accusé de pratiques nécrophiles avant de redevenir le parangon que l’on sait. On jurera donc qu’il y a plus d’audace instrumentale chez L’Affaire Louis Trio que dans tous ces cerveaux flatulents des DJ’s français et qu’il est plus rétrograde de sampler ad libitum pour la quatorzième fois la même intro de Shalamar que d’écrire la suite à tiroirs des Quatre vérités, leur version en miniature des cathédrales d’Abbey Road. A l’écart du nombrilisme cocardier actuel des Anglais, très loin du snobisme hexagonal, L’ALT plante son petit chapiteau personnel dans les marges où s’illustrent depuis toujours les Todd Rundgren, les Adrian Belew ou le nouveau venu Jason Falkner. Ils sont parmi les seuls Français répertoriés de cette espèce précieuse et menacée. Qu’on les protège.
L’Affaire Louis Trio, L’Affaire Louis Trio (Chrysalis)
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