De plus en plus de célibataires recherchent l’âme soeur sur des sites religieux. Regain de foi ou obsession de l’entre-soi ?
« Je n’aurais jamais imaginé que je me marierais en accord avec Dieu en rencontrant quelqu’un sur internet ! »
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Kais n’en revient toujours pas.
Pourtant, il y a presque un an, ce jeune homme de 30 ans a épousé Fatma, 26 ans, qu’il a connue sur inchallah.com, site de rencontres musulman créé en 2009. Catholiques, musulmans, juifs… Depuis environ quatre ans, les sites de rencontres religieux de toutes confessions se multiplient. Rien d’étonnant pour Pascal Lardellier, sociologue spécialiste des rencontres sur internet, puisque « la rencontre amoureuse repose sur l’endogamie », le désir de convoler à l’intérieur de son groupe d’origine.
« Or, poursuit-il, la religion est le premier vecteur de valeurs, d’aspirations. »
Ces sites participent d’un mouvement de segmentation de l’offre du « matching » en ligne. Au début des années 2000, les sites généralistes ressemblent à des foires au coeur où se mêlent des centaines de milliers de célibataires. Cinq ans plus tard apparaissent des sites à spécialisation ethnique, religieuse et socioculturelle. Ils accueillent des internautes déçus par les généralistes dans des structures moins gigantesques. Là où Meetic annonce 20 000 nouvelles inscriptions par jour, Theotokos et Meetarabic n’en ont accueilli que 100 000 chacun depuis leur fondation, respectivement en 2006 et 2007.
Quelqu’un comme soi. Voilà ce que cherchent ces célibataires croyants sur les sites religieux.
« Avec les personnes que je rencontrais dans ma vie quotidienne, ça ‘buggait’ sur le thème de la foi », raconte Paul.
Catholique pratiquant, il rédigeait sa thèse quand il s’est inscrit sur theotokos.fr, un site de rencontres chrétien. Cette « nouvelle porte » lui a permis de trouver celle qui est aujourd’hui son épouse, « à la grâce du Seigneur ».
Au moment de fonder un foyer, les valeurs religieuses s’avèrent cruciales pour ces internautes, qui veulent notamment les transmettre à leurs enfants. Une fois ces bases jetées, le dialogue en ligne permet de confronter tout de suite les projets de vie. Partager complètement la culture de son partenaire soulage Fatma. Quand cette jeune avocate est tombée sur un site de rencontres musulman, ça a été l’illumination.
« Je me suis dit que c’était plus facile d’être avec un musulman, pour ne pas avoir à me justifier, par exemple si je veux faire circoncire mon fils, ou jeûner pendant le Ramadan. »
Le site de rencontres religieux permet aussi de procéder selon la tradition. C’est ce qui attirait Kais. Après des conversations sur internet, puis des rencontres dans des lieux publics, il a fait part de son projet à sa famille et a demandé la main de Fatma.
Ici, pas de place pour les rencontres légères à la « je fornique sur Meetic » – une expression d’Adidou1, inscrit sur inchallah.com et dépité par cette ambiance sur d’autres sites. « Les inscrits signalent d’eux-mêmes les gens frivoles, et la modération les exclut », explique Salim Bouiche, qui a fondé en 2007 le site musulman Meetarabic. Une image de sérieux que cultivent les sites et qui attire même des non-religieux, selon le directeur de Theotokos, Olivier Orna.
Qu’on ne s’y trompe pas. Comme dans n’importe quelle rencontre, il n’y a pas que la foi qui joue. En ce moment, le coeur d’Adidou balance entre deux femmes, mais il avoue déjà une préférence. A cause de quoi ? « De sa photo ! », rit-il, avant d’ajouter : « L’attirance physique compte aussi. » C’est aussi une photo qui a mené Marie-Virginie vers l’harmonie, sur Theotokos.
« Sur nos profils, on s’était tous les deux photographiés avec nos instruments, lui au clavecin, moi à l’orgue », raconte la professeure de musique et organiste dans le cadre de la liturgie. « C’est comme ça qu’on s’est reconnus », sourit la jeune femme, qui vient d’épouser son claveciniste. Il n’y a pas de miracle : c’est en multipliant les filtres qu’ils ont trouvé l’accord parfait.
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