En concert le 20 avril au Printemps de Bourges avec leurs compatriotes de Venus, Soulwax montre une nouvelle facette du renouveau du rock belge.
Tout le monde imagine que les groupes belges sont nés dans le sillage de Deus. C’est faux. Nous sommes de la même génération. Stephen Dewaele, le chanteur de Soulwax est formel : pour une fois, on parlera d’une affaire de famille dans le rock belge. Avec Evil Superstars puis Deus à Anvers, K’s Choice à Bruxelles et Soulwax à Gand, le renouveau musical quadrille le plat pays dès 1995 et rêve d’Amérique. Stephen et David Dewaele ébauchent leurs premières lignes brisées dans un maxi, 2nd handsome blues, préambule aventureux à un premier album né l’année suivante à Los Angeles. Jubilatoire, Leave the story untold cherche déjà la petite bête dans les recettes de Beck. Pétaradant d’idées et d’incongruités, il livre les données de l’équation imaginée par Soulwax : faire danser Beck sur Nirvana et emmener les violons sur la faille électrique de San Andrea.
C’est à L.A, dans un magasin de disques d’occasion, que David Dewaele trouve une des clés de la réussite, lorsqu’il achète pour un dollar le premier album de Jason Falkner. J’ai été estomaqué par ses chansons. J’ai eu envie de l’inviter sur notre deuxième album. Il a compris immédiatement ce que nous voulions mais il était stressé à l’idée de gérer l’ensemble des arrangements de cordes. Une bonne partie du secret de ce deuxième album réside dans ces envolées de cordes omniprésentes dans des pop-songs assises sur le point d’équilibre entre électricité maîtrisée et lyrisme séraphique. Sous leur influence, les chansons de Soulwax imposent une solide structure là où elles ratatouillaient lors du premier album. Nous avions mieux préparé notre travail. Le temps gagné nous a permis de tester des formes sonores en studio. Par exemple, sur Much against everyone s advice, nous nous sommes samplés nous-mêmes. C’est un artifice qu’utilise beaucoup Beck. On lui a piqué le son de guitare de Loser sur Conversation/Intercom, c’est une façon de dire notre admiration pour le cerveau le plus brillant de la musique américaine actuelle. Avec Bob Marley, il est notre dernier héros. Aujourd’hui, seul Radiohead a atteint un tel degré d’indépendance. Demain, ils peuvent jouer de la polka sans rien demander à personne.
Sur scène, la liberté de Soulwax est elle aussi belle à voir. Leurs chansons perdent leur carapace sonore et se révèlent mutines et frivoles. En fin de set, les frères Dewaele plantent deux ou trois reprises et sortent de leur chapeau des titres improbables, loin de la cosmogonie Dylan/Stones/Velvet/Beatles visitée par les autres groupes. Les frères Dewaele tapent dans le bon popu ? Looking for clues de Robert Palmer, Sign of the times de Prince ? une mise en bouche pour leur after-show rituel : un set de DJ à l’ancienne où ils passent ces diables de quarante-cinq tours qui constituent l’essentiel de leur discothèque.
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