Tout en finesse et subtiles variations, un parcours peu banal dans la face cachée des jeux de plate-forme.
Dans la traditionnelle avalanche des sorties automnales, certains jeux passent chaque année injustement inaperçus. Il serait dommage que tel soit le destin de A Shadow’s Tale, petite production particulièrement attachante des studios japonais Hudson. Le joueur y dirige non pas un personnage mais une ombre en quête du corps dont elle a été séparée. Nous voilà donc partis à l’aventure, parcourant un à un les étages piégeux d’une tour qui semble s’élever jusqu’au ciel.
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Si le jeu séduit par son style graphique vaporeux et son ambiance mystérieuse qui rappellent Ico, le rapport entre le monde physique et celui des ombres n’est pas dans A Shadow’s Tale qu’un gimmick esthétique mais bien le principe à la base du gameplay.
Ce ne sont en effet pas les ponts et les échelles parsemant les niveaux que notre héros éthéré escalade courageusement, mais leurs ombres, la projection parfois trompeuse, en arrière-plan, des lignes et des volumes du bâtiment. Déjà expérimenté ces dernières années par quelques autres titres audacieux (Crush, Super Paper Mario, Echochrome), le jeu sur la perspective est l’occasion d’offrir au joueur de savoureuses énigmes (on modifie l’orientation de la lumière, on déplace des portions du décor) qui le contraignent à se creuser un peu les méninges.
S’il flirte ainsi avec le casse-tête, A Shadow’s Tale ne lui sacrifie jamais sa cohérence de conte cruellement nébuleux, travaillant avec finesse ses motifs ludiques, entre répétitions entêtantes et subtiles variations. Le résultat n’est pas sans défaut – sur le plan technique, notamment. La 2D rêveuse de ce jeu ne prend pas moins avec talent la relève, à l’approche de l’hiver, du sombre Limbo qui avait marqué l’été.
Erwan Higuinen
A Shadow’s Tale sur Wii (Hudson/Konami, environ 40 euros)
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