Ce n’est pas sans appréhension que nous avons renoué contact avec Two Dollar Guitar, qui nous avait laissé sur une plus que réfrigérante impression à l’époque (1995) de Burned and buried, disque cadavérique, pouvant très décemment prétendre au titre de l’album le plus mortifère des années 90, au point de ravaler l’intégrale de Christian Death […]
Ce n’est pas sans appréhension que nous avons renoué contact avec Two Dollar Guitar, qui nous avait laissé sur une plus que réfrigérante impression à l’époque (1995) de Burned and buried, disque cadavérique, pouvant très décemment prétendre au titre de l’album le plus mortifère des années 90, au point de ravaler l’intégrale de Christian Death au rang d’hénaurme boutade, voisine du Tirlipinpon de Carlos. Si peu de gens achetèrent Burned and buried, ceux qui l’écoutèrent en entier ne sont plus là pour en témoigner, ayant préféré quitter séance (de torture) tenante un monde capable de permettre l’existence d’un pareil tue-désir. Mais Weak beats and lame-ass rhymes nous incite beaucoup plus à nous rependre ? notamment d’avoir entre-temps dédaigné le recueil d’instrumentaux Train songs ? qu’à nous pendre ? sinon à son joli cou pelé.
Ceux qu’enchantent les terres désenchantées (micro)sillonnées par Cat Power, Idaho ou Sparklehorse, ceux qu’exalte la country passionnément ascétique, dont le brevet a été à jamais déposé par le There is no-one what will take care of you des Palace Brothers, fouleront avec délice ce sol pierreux. Mais, indubitablement, il manque toujours à Tim Foljahn et ses comparses (dont le fidèle Steve Shelley, en congé de Sonic Youth), cet indéfinissable je-ne-sais-quoi-ni-comment qui sépare les bons disques des grands. Du coup, Two Dollar Guitar ne s’évite pas certains flirts rébarbatifs avec un vilain college-rock carré aux entournures. Le jour où ce groupe saura maintenir en continu la poignante ferveur nécessaire à déboulonner ses idoles (à commencer par Leonard Cohen), où il saura n’aller qu’à l’essentiel et façonnera un album uniquement constitué de morceaux de la trempe de White ape, superbe cabossa-nova à deux voix, ou T-Shirt, ballade tachycardiaque à la Vulgar Boatmen, il aura alors gagné et vaudra, à nos oreilles, infiniment plus qu’une poignée de dollars.
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