Rescapé de Kilburn and the high roads, son premier groupe tué dans l’œuf par l’érosion du mouvement pub-rock, Ian Dury raccroche le wagon punk en participant à l’épopée du label Stiff Records dès 1977. Les yeux faits au charbon et une épingle à nourrice dans l’oreille, il singe les chiards anarchistes et oxygène ses racines rythm’n’blues au contact de Wreckless Eric et Elvis Costello – ses illustres compagnons de label – pour signer une triplette d’albums à la croisée des chemins punk, rythm’n’b
New boots and Panties !!! (1977)
L’hymne de l’année 77 se trouve là, en tête de gondole de cet album pivot de sa décennie : Sex and drugs and rock’n’roll concentre l’essentiel d’une époque. Le mouvement punk, déjà à l’agonie, gratouille ses démangeaisons disco et Ian Dury le rusé signe là, quelques mois avant Blondie, le compromis parfait un groove blanc velouté de sa voix lascive et la nouvelle énergie électrique. Quelques chansons plus loin, il refait un coup d’atout avec un Wake up and make love with me écrit sur les mêmes matrices. Moins câlins, Sweet Gene Vincent, What a waste et Razzle in my pocket complèteront le registre d’une note rock plus traditionnelle et constitueront les pierres angulaires de ses représentations scéniques.
Do it yourself (1978)
Propulsé au sommet d’un genre nouveau où se croisent la sueur dance, un phrasé parlé quasiment hip-hop et un solide base rock, Ian Dury est devenu (à 35 ans !!!) une des stars du paysage post-punk. Son look moqueur, son handicap physique (vieille séquelles d’une méchante polio) et ses talents de pitre en ont fait une attraction. Avec Do it yourself, Ian Dury prend une nouvelle dimension et rajoute à son registre soul-punk-disco une pincée supplémentaire de music-hall qui le satellise dans le registre populaire. Le public verra en lui le chaînon manquant entre deux générations anglaises et fera de Reasons to be cheerful (Part 3) et Hit me with your rhythm stick, une paire de hits unanime.
Laughter (1980)
Epuisé par deux années de tournées, le fidèle guitariste Chaz Jankel met fin à sept ans de collaboration avec Ian Dury et c’est avec Wilko Johnson, ancien guitariste des Doctor Feelgood, que Ian Dury réalise Laughter, son dernier album pour Stiff Records. Les riffs taillés à la serpe de Johnson y remusclent le propos musical, l’écriture de Dury se fait plus âpre et cynique (Unalcoolhol, Superman’s big sister). Basique, le son d’ensemble annonce un retour aux sources pub-rock qui ne trouvera pas son auditoire.
Lord Upminster (1981)
Chaz Jankel revenu au bercail, Ian Dury a senti le vent reggae secouer sa chaloupe rythm’n’blues et s’embarque pour les îles pour y trouver la chaleur reggae. Epaulé par la section rythmique la plus cotée du genre et de l’époque, Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, il sonde une fusion légère entre sa matière première sonore et le soleil de Jamaïque sur ce quatrième album où même la trompette de Don Cherry lui rend une petite visite. Peine perdue. The Clash et Madness ont déjà quelques longueurs d’avance et cette fougue qui commence à faire défaut au répertoire de Ian Dury. L’homme fera une dernière tentative en 84 avec 400 weeks holiday avant de se retirer dans le monde de théâtre et du cinéma où il signera quelques B.O. ( dont celle du film de Peter Greenaway, Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant) avant de revenir, sur la pointe des pieds en 1992 avec The Bus driver s prayer and other stories.
En écoute :
Hit me with your Rythm Stick
In Betweenies
Sex & Drugs & Rock’n’Roll
(Avec l’aimable autorisation de Wagram)
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