A l’heure où Zend Avesta publie son premier album Organique, deux de ses voix féminines évoquent leur collaboration avec cet artiste français. Roya Arab, ex-Archive, et Mona Soyoc, ex-Kas Product, expliquent comment elles ont apporté non seulement leur chant, mais également leur sensibilité à la musique d’Arnaud Rebotini ? qui lui même n’en manque pas.
Roya Arab : Un de mes amis m’avait envoyé quelques morceaux d’Arnaud, me disant qu’il recherchait des gens avec qui collaborer. J’ai beaucoup aimé sa musique, donc j’ai accepté. Il s’est arrangé pour que je vienne à Paris. Ça a été un vrai plaisir de travailler avec lui, il est adorable, très cool. Je préférais travailler sur un morceau nouveau plutôt que ceux qu’il avait déjà écrits donc je suis allée en studio, j’ai entendu quelques morceaux, choisi le style qui me plaisait. Et Arnaud a naturellement commencé à me jouer un morceau, des boucles, et des riffs et on a en quelque sorte créé une chanson à partir de là. J’ai écrit les paroles et la mélodie, à Paris ? inspirée par une personne que j’avais vue dans la rue, un homme qui avait l’air si triste qu’il m’a touchée, impressionnée. Donc j’ai écrit la chanson sur lui, et j’y ai apporté ma propre tristesse ?, puis j’ai chanté et voilà. Ça ne nous a pas pris longtemps, deux petits jours. Je l’ai laissé faire le reste de la musique et la production. Ce qu’il a fait merveilleusement. Je n’ai eu l’album fini qu’il y a quelques jours, la totalité est vraiment charmante, j’aime beaucoup. On s’est bien amusés ensemble, on est allés à une fête le soir même, chez une de mes amies qui fabrique des chapeaux. Arnaud est quelqu’un de très grand, et je n’oublierai jamais cette vision, le voir avec le chapeau le plus ridicule du monde sur la tête. Arnaud aime rire, s’amuser, rire de lui-même, une grande qualité. C’est quelqu’un qui a beaucoup de recul par rapport à la scène musicale française et qui n’est certainement pas impliqué dans le grand monde de la pop. Il a son propre petit espace à lui, et ça, c’est magnifique. Là plupart du temps, il est hors de Paris, chez lui. Tout le temps où j’ai travaillé avec lui, il a tout programmé lui-même, ce qui montre un grand dévouement, un grand amour pour la musique, à laquelle il consacre beaucoup de temps. Et ça s’entend dans sa musique. De plus, il ne cède pas à la normalité, aux normes. Il fait vraiment son propre travail, ne construit pas des chansons parce qu’il faut les construire, ne fait pas des refrains parce qu’il faut des refrains. Il a fait un album réfléchi, qui lui correspond, sans compromis. Ce qui me touche le plus dans la musique d’Arnaud, c’est sa singularité, le fait que dans son travail, il soit imperméable à tout ce qui se passe autour de lui. Aucun compromis.
Mona Soyoc : J’ai rencontré Arnaud par des amis musiciens communs il y a déjà au moins deux ans. Il avait commencé à faire des compositions inspirées de musique contemporaine et m’avait proposé de chanter dessus. On avait donc commencé par faire le morceau The Watcher. Ensuite, il m’en a proposé d’autres, dont Aspiration et il m’a dit qu’il comptait faire un disque. Et un an et demi plus tard, il m’a dit qu’il avait enregistré les violons, que c’était prêt et qu’il ne manquait plus que la voix. On a terminé Aspiration ensemble dans un studio à Paris. Sur The Watcher, j’ai trouvé entièrement les mélodies de voix et les paroles, et sur Aspiration, on a travaillé ensemble sur le refrain parce que je n’étais pas satisfaite de ce que j’avais fait. Je lui ai proposé des choses, lui m’en a proposé d’autres. Ça a été très facile de travailler ensemble, on a travaillé très vite sans longue répétition. J’aime bien travailler comme ça, en collaboration. Ses musiques m’ont inspirée, je m’en sens proche, elles m’ont permis d’exprimer des choses nouvelles.
J’ai entendu le reste de l’album, les chansons s’enchaînent bien, les miennes s’inscrivent bien dans l’album. Je pense qu’en faisant certains morceaux, Arnaud a pensé à moi, ça a dû l’inspirer (rires). Je me retrouve dans d’autres de ses morceaux, je pense que j’aurais pu chanter dessus. Il m’a d’ailleurs proposé de faire de la scène avec lui, m’a demandé si je voulais bien chanter les chansons des deux autres chanteuses. Je les réadapterai parce qu’on n’a pas les mêmes tessitures de voix. Dans la musique d’Arnaud, j’aime bien la dimension un peu lyrique, la tension qu’il y a par moment, les climats et leur profondeur. Ça rejoint un peu les musiques de films. Il dit qu’il fait une musique pour plaire aux filles ? (Rires) C’est très bien, les hommes qui font de la musique pour plaire aux filles. Sa femme doit avoir une grande influence sur lui et c’est très bénéfique (rires). Les hommes qui sont capables d’être sensibles à la sensibilité féminine sont les hommes que nous aimons, non ?
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