Ode à la créativité dans un monde où toute pesanteur a disparu.
La petite planète a bien grandi. Le pari du studio britannique Media Molecule n’était pourtant pas gagné d’avance. Paru fin 2008, LittleBigPlanet n’était pas qu’un jeu de plate-forme au style graphique unique mais aussi, pour ne pas dire surtout, un petit atelier de confection vidéoludique mis à la disposition des joueurs, qui s’y voyaient offrir tous les outils des développeurs.
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Et si LittleBigPlanet s’est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires, c’est un autre total qui révèle son succès : deux ans et quelques mois après sa sortie, au moment où paraît sa suite, plus de trois millions de niveaux conçus par ses possesseurs (et accessibles via cet épisode 2) sont disponibles en ligne.
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On y trouve de tout : des épreuves proches du jeu original, des hommages (à Zelda, à Dead Rising…), des coups de génie, beaucoup de choses bancales et des minifilms d’animation mettant en scène Hulk ou Spider-Man. Les game designers amateurs seront ravis d’apprendre que LittleBigPlanet 2 étend encore leur palette. Si certains ne s’étaient déjà pas privés de détourner le très pédagogique éditeur de niveaux du premier LBP pour exercer leurs talents dans des registres éloignés de la plate-forme (shoot’em up, course, voire juke-box interactif), Media Molecule leur facilite encore la tâche et les encourage chaudement à aller plus loin.
Mais la partie atelier de LittleBigPlanet 2 n’est pas la seule à se trouver enrichie. Le mode « histoire », par lequel chacun est invité à débuter son voyage (quitte à s’arrêter là en cas de panne d’imagination), a également bénéficié d’un soin réjouissant. Plus varié, plus écrit (avec un oeil sur la partie animée de l’oeuvre de Tim Burton), plus fou aussi, il suffirait amplement pour satisfaire la plupart des joueurs.
Ce qui distingue LittleBigPlanet 2 des piliers du genre (Super Mario, Donkey Kong Country…), c’est d’abord son goût pour les matières. Le métal, le tissu, même les gâteaux que l’on ramasse à l’occasion donnent une consistance rare au monde facétieux dans lequel évoluent nos poupées bondissantes. Les sauts sont toujours un peu flottants, regretteront certains. Certes, mais le jeu lui-même est au fond un hymne à la gloire de tous les flottements, hésitations créatives ou balancements qui nous bercent, voluptueusement. On ne lui voit qu’un ennemi : la pesanteur. Qui oserait rêver d’une plus belle planète ?
Erwan Higuinen
LittleBigPlanet 2 sur PS3 (Media Molecule/ Sony, environ 70 euros)
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