Voilà une uvre qui emballe et bouleverse parce qu’elle montre et dit, mais aussi par la démarche kamikaze de son auteur qui, comme à son habitude, grille toutes les règles de bienséance esthétique, narrative, thématique, et fait ce que tout artiste digne de ce nom devrait toujours faire : plonger dans le feu, sans filet. […]
Voilà une uvre qui emballe et bouleverse parce qu’elle montre et dit, mais aussi par la démarche kamikaze de son auteur qui, comme à son habitude, grille toutes les règles de bienséance esthétique, narrative, thématique, et fait ce que tout artiste digne de ce nom devrait toujours faire : plonger dans le feu, sans filet. Les Savates du bon Dieu nous emmène à Saint-Etienne, aujourd’hui, dans une cité HLM. Là, un jeune couple : Fred, chien fou, mécanicien illettré, est fou d’amour pour Elodie qui, elle, ne rêve que de quitter cette vie sous-smicarde qui plombe les individus et leurs désirs au ras du sol. Un jour, Elodie part. Désespéré, Fred commet un hold-up à la Robin des Bois, prend la fuite en jetant les billets par poignées dans la rue et embarque la guichetière, Sandrine, une amie d’enfance très amoureuse de lui. Réfugiés dans un lycée, Fred et Sandrine font la connaissance de Maguette, un prince africain à la fois sorcier vaudou et grand expert des rouages du monde contemporain. Ce dernier organise leur fuite vers le Luberon, où ils montent une série de hold-up politiques’ dont une partie du butin est envoyée à leurs proches dans la cité stéphanoise Radical dans son propos, ses audaces, sa façon jusqu’au-boutiste de bousculer le public en mélangeant réalisme et onirisme, brûlot politique et épopée romanesque, référents nobles (Ray, Sirk, Hitchcock ) et culture populaire (roman-photo, téléfilms M6, esthétique Marc Dorcel’), Les Savates du bon Dieu est un geste sans compromis, un film remuant par son contenu, son intransigeance sur l’état du monde et sa générosité fondamentale. La dignité bouleversante de Brisseau est ici de fondre dans la même démarche esthétique et politique, et de lutter contre la laideur du monde en y réinjectant un peu de la beauté qui l’a nourri. Il nous offre en outre avec Sandrine l’un des plus beaux personnages que nous ait donnés récemment le cinéma français.
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