Flaming groovy. Après le dépoussiérage des Beatles, McCartney sort son album le plus serein depuis des lustres. Oasis rit jaune. Avec ce nouvel album à la devanture discrète, c’est un Paul McCartney apaisé et serein qui opère son retour. Un homme résigné, après des années de vaines batailles, à demeurer à jamais le gentil Beatle […]
Flaming groovy. Après le dépoussiérage des Beatles, McCartney sort son album le plus serein depuis des lustres. Oasis rit jaune.
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Avec ce nouvel album à la devanture discrète, c’est un Paul McCartney apaisé et serein qui opère son retour. Un homme résigné, après des années de vaines batailles, à demeurer à jamais le gentil Beatle dans le cœur de fans irrémédiablement nostalgiques. D’albums en solo ou avec Linda en formation Wings, il pensait pourtant avoir tout essayé pour s’affranchir des Fab Four. La mort de Lennon allait se charger de lui rappeler qu’il devrait porter ce fardeau un bon bout de temps. Tout espoir de reformation définitivement éteint, il s’agirait dorénavant de gérer un fonds de commerce impressionnant. Les deux dernières années l’ont d’ailleurs vu mettre sa propre carrière entre parenthèses afin de focaliser pleinement son attention sur trois volumes d’Anthology censés constituer le socle définitif du mausolée le plus pillé de la pop. Sur les notes de pochette de Flaming pie, McCartney se félicite d’un projet qui lui a permis de retrouver une fraîcheur et une flamme disparues en route longue et sinueuse, la route. C’est justement en renouant avec le dépouillement de ses premiers disques post-Beatles que McCartney signe aujourd’hui son album le plus attachant depuis des lustres. Car on avait perdu l’habitude de l’entendre jouer aussi sobre et léger que sur Calico skies ou Great day, ballades délicates à la Blackbird. Dégagé des contingences commerciales, délesté de ses requins à catogan, il ne lui reste dorénavant que le désir d’enregistrer ses dernières trouvailles mélodiques avec les amis et la famille. Jeff Lynne qui, dans le cœur de McCartney, dispute à Elvis Costello le titre de joker de Lennon s’y colle sur une bonne moitié de l’album. Un Jeff Lynne étonnamment discret, qui aurait remisé au placard sa grandiloquence légendaire, sous l’impulsion d’un McCartney pour une fois bien décidé à ne pas lâcher la bride de son inspiration. La démarche de McCartney procède de celle d’un cinéaste aguerri à l’art des grosses productions et qui ne tournerait plus que des films de vacances, juste pour le plaisir. On apprend ainsi qu’il passe ses vacances avec d’anciens collègues de bureau, comme Ringo Starr, qui cosigne Really love you un des titres les plus faibles de l’album, mais Ringo est sympa , ou son professeur de musique à la retraite, George Martin, qui produit deux morceaux. Il en profite aussi pour se consacrer à son fils de 19 ans, avec qui il échange d’attendrissantes parties de guitares sur le paisible Heaven on a Sunday. Plus incongrue, la participation du space-cowboy Steve Miller, juste bon à cosigner une jam bluesy et à consigner ses riffs au graillon sur le single Young boy, par ailleurs impeccable. L’album privilégie partout un sentiment de proximité, avec l’auditeur comme entre les différents participants. Et lorsqu’il s’entoure d’un grand orchestre sur des Beautiful night et Somedays à la splendeur outrée, c’est moins par nostalgie que pour rafraîchir la mémoire d’une jeune génération biberonnée aux vidéos technologiques des Beatles et à l’Oasis.
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