On connaissait déjà pas mal de sites de rencontres spécialisés : ceux fondées sur les affinités religieuses comme Theotokos ou Mektoube, ou ceux qui permettent de draguer entre personnes du même bord politique. Voilà que débarque dans le paysage des sites de rencontre une plateforme permettant de créer des liens entre surdiplômés.
En fixant le diplôme obtenu comme critère d’adhésion numéro un, le site Happy Few Concept (ça ne s’invente pas) permet de trouver l’âme sœur entre jeunes gens de niveau d’études élevé. Le concept dépasse l’idée du simple site d’anciens de promo, puisqu’il permet de rencontrer des hommes et des femmes au-delà de son école ou de sa profession. Wouaouh ! Un étudiant des Mines qui date une diplômée du Centre de formation des journalistes. On frôle le choc des cultures !
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Pas question de mentir sur ses diplômes
Pour se créer un profil, rien de plus simple. Il suffit d’avoir fréquenté les bancs des formations les plus prestigieuses : écoles de commerce, d’ingénieurs, filières artistiques et littéraires, ou d’exercer une profession libérale (médecin, avocat…). Et pas seulement en France, puisque le règlement précise que le site “accepte” l’adhésion d’anciens d’Harvard, de Yale ou de Columbia. D’ailleurs, pas question de tricher sur son parcours académique, explique la fondatrice du site Soizic Bertrou :
“Je vérifie chaque profil l’un après l’autre avec l’annuaire en ligne des écoles, et si je ne trouve pas je demande un complément d’informations, comme un diplôme scanné ou une attestation de son ancienne université.”
Depuis trois semaines, 100 demandeurs (sur 500) ont déjà été recalés. “J’ai trop de copines qui sont tombées sur des histoires douteuses sur des sites pas recommendables. Etre sûr de la personne sur qui l’on tombe est très important”, ajoute cette ancienne expert comptable.
Les inscrits choisissent une tenue : tailleur, costume ou robe d’avocat
Ensuite, comme sur tout autre site, il faut enrichir son profil en y ajoutant une photo (ou pas), son film préféré ou son rapport aux animaux domestiques. Vient alors la question classique des penchants sportifs (CSP + oblige, le tennis, le golf et la voile figurent parmi les choix proposés). Les inscrits peuvent ensuite opter pour une tenue vestimentaire qui leur ressemble. Les hommes pourront arborer un costume cravate ou une robe d’avocat et les femmes un tailleur strict, une blouse de médecin ou un jean, mais porté avec des escarpins style Chanel.
Ultime étape : la rencontre. Pour que les happy few se voient en chair et en os, le site organise des événements entre membres de la communauté -le prochain aura lieu le 4 mai pour une dégustation de vin. La deuxième option, un peu plus spontanée, reste le rendez-vous en tête à tête. “Happy few concept” permet en effet de communiquer par chat ou messages avec un potentiel flirt, et ce moyennant un abonnement. L’accès au site est en effet gratuit pour afficher son profil et consulter celui des autres mais au-delà, il faut débourser 49 euros par mois (tarif dégressif selon la durée pour laquelle on s’engage).
400 membres en trois semaines
Présent depuis moins d’un mois sur le Web, le site a connu un bon démarrage. Il regroupe à ce jour 400 membres, autant d’hommes que de femmes, avec une majorité de trentenaires (il est ouvert aux plus de 26 ans et moins de 42 ans), la plupart issus du trio parisien des écoles de commerce HEC, Essec et ESCP.
Quand on évoque la question de la reproduction sociale, la fondatrice dit “comprendre ce point de vue” mais pense que “quand on est confronté aux même contraintes (emploi du temps, style de vie…) ça rapproche”. Entre gens de même milieu on se comprend mieux ? Et soudain vint l’irrépressible envie de relire Bourdieu.
Lisa Vignoli
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