Bien avant Radiohead, il y eut les Talking Heads : même ahurissante capacité à se renouveler, à chiner dans les avant-gardes l’essence même du mouvement en avant, à pousser toujours plus loin les limites de la production, de l’inclusion. Deux groupes de grosses têtes, donc. Les Talking Heads, eux, possédaient en plus des jambes ? […]
Bien avant Radiohead, il y eut les Talking Heads : même ahurissante capacité à se renouveler, à chiner dans les avant-gardes l’essence même du mouvement en avant, à pousser toujours plus loin les limites de la production, de l’inclusion. Deux groupes de grosses têtes, donc. Les Talking Heads, eux, possédaient en plus des jambes ? pour danser sur le funky chicken. Dans un des nombreux textes parfaits du livret de cet objet d’une classe folle, David Byrne raconte ainsi la genèse de ce son à la fois raide, coincé et irrésistiblement funky : « Au début, les discothèques des différents membres du groupe se ressemblaient : un mélange de rock arty et de disco Il y avait aussi bien les Stooges et John Cale que Funkadelic, les O Jays ? ainsi que des disques de musiques de Bali, des Bahamas ou de John Cage »
Et c’est effectivement ce qu’on entend sur cette anthologie entièrement gérée, musicalement et visuellement, par ces insatiables têtes chercheuses : un rock lettré et des guitares cassantes, poussés fermement vers le dance-floor par les rythmiques groovy du couple Tina Weymouth/Chris Frantz, puis dans l’inconnu par la production infernale de Brian Eno. Une des plus spectaculaires évasions de la charnière post-punk, résumée ici en chansons-jalons dont l’influence demeure constante sur tous les danseurs raides, de The Rapture à Basement Jaxx. Comme si le lot de chansons rares et de merveilles intouchables alignées sur trois CD ne suffisait pas, un DVD se charge de rappeler, à travers les clips (géniaux Once in a Lifetime ou Wild Wild Life) et leurs intermèdes tordants, les ravages trop souvent négligés de l’humour et du non-sens chez ces New-Yorkais. Avis aux jeunes groupes : mettre « Head » dans son nom peut appâter le génie. Regardez : Headdy Mitchell, Rhead House Painters, Lhead Zeppelin