Premier film américain du Britannique Boorman d’après un roman de Donald Westlake, Le Point de non-retour met en scène un récit de vengeance et de violence – trahi par son meilleur ami et laissé pour mort après un vol à Alcatraz, Walker (Lee Marvin génial) revient pour récupérer sa part du magot – en l’adaptant […]
Premier film américain du Britannique Boorman d’après un roman de Donald Westlake, Le Point de non-retour met en scène un récit de vengeance et de violence – trahi par son meilleur ami et laissé pour mort après un vol à Alcatraz, Walker (Lee Marvin génial) revient pour récupérer sa part du magot – en l’adaptant à la grammaire encore neuve du cinéma moderne : narration fragmentée, images mentales, chronologie brisée, ralentis. Inspiré par la peinture hyperréaliste, Boorman y multiplie les plans où tout est gris ou marron, de la cravate de Lee Marvin jusqu’au papier peint. Le résultat est étrange, surtout lorsque finissent par cohabiter dans le même plan des êtres vivants et des objets inanimés qui finissent par s’imiter et se confondre. Si les effets de Boorman sont proches de la redondance et son travail sur la couleur trop systématique, ses choix esthétiques accompagnent pourtant un projet ambitieux, celui de faire la critique d’une société déshumanisée, en deuil de morale, à peine peuplée de zombies anonymes. Prison vide, villas inhabitées, bureaux gigantesques, miroirs et parois vitrées, espaces urbains désertiques : les lieux du film, tous hors la vie et hors le monde, renforcent ce climat de solitude et de frigidité émotionnelle. Le Point de non-retour est une fable politique, spectaculaire et un poil prétentieuse, déguisée en polar. C’était aussi, à l’époque de sa sortie (1967, soit un an avant 2001 : l’odyssée de l’espace), le prototype du film expérimental concevable dans le cadre d’un système de production commercial.
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